2020 juil. 19
Bivouac dans le réseau des Fées
18:11 - Par Jérôme Perrin - Explorations - Lien permanent
Participants : David Christen, Jérôme Perrin – SCVJ
18 juillet 2020
Après quelques efforts pour retrouver l'entrée de la baume des Follatons dans la végétation luxuriante de l'été, nous voilà à pied d'œuvre avec chacun un kit d'une bonne dizaine de kilos. Il est 10h15, c'est parti pour un beau week-end ensoleillé 150 m sous-terre...
Nous connaissons bien le réseau jusqu'aux lacs temporaires dans la galerie Glaisine, la progression se passe sans encombres jusqu'à ces lacs, qui s'avèrent secs, ouf... c'était prévu mais on est soulagé de s'éviter les acrobaties du pont de singe !
On continue sans attendre, pressés de voir la fameuse galerie Fangine, dont la réputation est parvenue jusqu'à nos oreilles. Après quelques hésitations au niveau d'un ressaut suivi d'un lac nécessitant une traversée acrobatique pour rester secs, la topo nous informe que nous sommes à l'entrée des passages plus inconfortables de Fangine. Qu'à cela ne tienne, David a prévu le coup avec des sur-combinaisons jaunes et seyantes qui nous permettent de progresser à quatre pattes voire à plat ventre en préservant la couleur de la combi du dessous... On prend quand même un peu d'eau par les bottes, puis soulagement, le plafond se relève brusquement et l'on débouche dans la suite tout à fait confortable.
A partir de cet endroit, la priorité est de trouver l'emplacement du bivouac qui doit réunir plusieurs critères : zone plutôt plate au sol argileux ou sableux, hauteur de plafond suffisante, pas trop ventilé, eau à proximité, et pourquoi pas latrines en contrebas... Après un magnifique passage concrétionné, avec des arrivées d'eau du plafond, un gros éboulis remonte jusqu'à un point haut, et, comme par miracle, une niche sur la droite offre toutes les caractéristiques d'un bivouac quasi-parfait, manque juste un peu d'espace (limité à trois places maximum), mais au moins nous serons à l'abri du courant d'air et un coin cuisine est facilement aménageable. Ni une ni deux, nous vidons les sacs, commençons à aplanir le coin fait de boue sèche et préparons soupe et thé qui agrémentera le pic-nic.
Impatients d'aller découvrir la suite, nous engloutissons le repas et laissons la fin des aménagements pour plus tard. La galerie redescend via une pente d'éboulis et à son pied une galerie ventilée part sur la droite, la topographie indique un point d'interrogation après quelques mètres. Nous optons donc pour ce premier objectif. Le point topo de 2015 est rapidement retrouvé et nous attaquons la suite dans un courant d'air qui va servir de fil conducteur ; d'ailleurs cette galerie sera baptisée la galerie Zéphyr...
Après un coude à gauche, la hauteur sous plafond se réduit sensiblement et c'est à quatre pattes que nous progressons sur les quelques dizaines de mètres qui suivent dans une galerie qui reste large : plusieurs gours inactifs et plus ou moins tapissés de glaise agrémentent le parcours. Après avoir franchi un passage concrétionné et deux arrivées d'eau qui se perdent quelques mètres plus loin dans un trou à même le sol, nous pouvons à nouveau progresser debout dans un conduit de 2x3 m jusqu'à un virage à angle droit à gauche. Une galerie décorée de gours démarre en face sur la droite, elle semble parcourue par un fort courant d'air. Tout droit la galerie continue avec une section similaire mais bute rapidement sur un remplissage qui finit par l'obstruer entièrement...
Nous revenons alors en arrière pour prendre la galerie ventilée aperçue avant : la dimension de celle-ci se réduit pour fluctuer autour d'une section de 1x2 m, ce qui permet de progresser essentiellement debout... La direction générale du conduit file vers le nord-ouest jusqu'à un petit départ inexploré en paroi droite. A cet endroit, la galerie principale devient plus concrétionnée et suit une direction ouest sur une bonne cinquantaine de mètres avant de bifurquer vers le nord pour rejoindre un passage descendant (R2) suivi d'une remontée via deux ressauts inclinées (E1 & E2). Au sommet, la galerie retrouve son orientation générale vers le nord-ouest, le courant d'air est toujours aussi marqué, et quelques passages concrétionnés agrémentent le parcours. Les calcaires sont très riches en débris de fossiles, généralement en relief sur les parois.
Après quelques passages doubles, la galerie principale fait un brusque coude à gauche (une galerie inexplorée continue tout droit), et après trois nouveaux points topo, nous décidons d'en rester là, avec une vue alléchante sur la suite... Au total ce parcours représente 671 m de nouvelles galeries explorées et topographiées.
Le retour est rapide et sans encombres, nous sommes ravis de cette exploration et de retrouver le confort relatif du bivouac. Corvée d'eau pour l'un, corvée de terrassement pour l'autre, puis nous préparons un bon repas dans le coin cuisine que nous venons d'inaugurer. Coucher un peu après 22 heures, et réveil matinal pour l'un qui ne bénéficie pas du même confort de couchage...
19 juillet
Après les préparatifs matinaux, nous repartons dans le début de la galerie Zéphyr pour quelques compléments topo puis décidons d'aller voir la galerie de Traverse avec corde et matériel vertical. Le début de la galerie reste bien confortable mais cela ne dure pas... il y a bien quelques passages bas indiqués sur la topo, mais ils sont plus nombreux que prévu et c'est souvent à quatre pattes que la progression se poursuit...
Nous arrivons enfin au premier puits dessiné sur la topo (P10), cependant comme son accès n'est pas des plus confortables, nous optons pour le P7 situé environ 25 m plus loin. Des amarrages naturels permettent de descendre la première verticale qui ne dépasse pas 5 m ; celle-ci est suivie d'une pente de blocs très propres menant à une nouvelle verticale d'une dizaine de mètres. Un spit est planté, le puits est descendu pour constater une queute irréversible... dommage !
Le fond est tapissé de glaise ce qui fait penser à une « cheminée d'équilibre » se noyant partiellement au gré des crues. Nous levons un rapide croquis et décidons d'en rester là pour aujourd'hui. Nous retournons donc au bivouac pour un dernier repas chaud puis nous nous préparons pour le long retour vers la surface. Le cheminement ne pose pas de problèmes particulier à part quelques hésitations au niveau de certains passages et c'est vers 19h que nous nous retrouvons dehors, rapidement envahis par une cohorte de mouches particulièrement agressives...
Une belle expé dans un sacré réseau !