Comme ces jours-ci la météo est capricieuse, nous ne prenons pas le risque de nous aventurer dans les zones critiques, c’est donc au dernier moment que nous décidons de nous rabattre dans un secteur hors danger, celui d’Erymanthe.
Ce dernier, forme avec la galerie Secrète et la galerie Clochette, une boucle latérale vers la fin de la galerie des Lacs. L’endroit est en cours d’exploration par le tandem Seb & Millepattes, mais comme l’un se remet gentiment d’un accident et l’autre d’ennuis de santé, cela veut dire qu’ils ne seront vraisemblablement pas de la partie cette année. En attendant, c’est avec leur bénédiction que nous allons poursuivre leur zone.

Il est 08h45 lorsque nous pénétrons dans la baume des Follatons. Pour une fois, nous décidons de laisser la porte ouverte. En effet, d’une part cela va permettre aux innombrables moustiques qui squattent l’entrée, de pouvoir s’échapper, mais aussi, cela va créer un petit courant d’air fort apprécié, notamment dans la galerie du Graal où l’on a tendance à s’échauffer.

A 10h45 nous sommes déjà à bottes d’œuvre dans le secteur convoité. Quelle plaisir d’avoir pris si peu de temps en déplacement, alors qu’habituellement il faut compter 4 heures en moyenne pour nous rendre dans les zones éloignées. A peine à 2 heures de l’entrée, le secteur d’Erymanthe est actuellement l’endroit le plus proche pour faire de l’exploration, c’est presque un privilège…

Pour la suite des opérations, nous avons 3 possibilités, mais sur les conseils des connaisseurs nous allons poursuivre une petite galerie qui s’échappe en rive droite, une trentaine de mètres avant le puits-cheminée d’Erymanthe. Mais pour commencer, un peu en avance sur l’horaire, nous effectuons la pause du repas de midi, histoire de faire le plein de réserves. Après quoi, nous entrons dans le vif du sujet.

Après 8 mètres de parcours, un carrefour se présente déjà. Nous laissons ici le départ d’une galerie supérieure afin de poursuivre le couloir principal. De belles petites lames d’érosion garnissent le sol, qui ne tarde pas à se fendre d’un surcreusement étroit et impénétrable. La galerie se rétrécit ensuite puis part en profondeur, nous obligeant à faire quelques pas de désescalade. Malheureusement, à peine 25 mètres après le dernier carrefour, nous devons stopper face à un méandre étroit, plongeant à perte de vue. Un petit courant d’air est bien présent, mais visiblement, il n’y a que lui qui peut passer !

De retour au carrefour, nous empruntons la galerie supérieure qui démarre au sommet d’un petit ressaut de 2 mètres. Avec 4 x 1 mètre de section, c’est à quatre pattes que nous poursuivons. Les dimensions s’amenuisent au-delà, mais heureusement, nous débouchons rapidement dans une grande galerie. Avec une section de 5 x 2 mètres, la surprise est agréable, d’autant que le sol n’est pas en reste, un mélange argilo-sablonneux séché.

L’amont de cette nouvelle galerie ne peut se suivre que sur une dizaine de mètres, où les sédiments accumulés jusqu’au plafond ont eu raison du conduit. En revanche, l’aval file gaiement au nord-est, alors ça roule !

Rapidement, nous arrivons sur une sorte de promontoire avec un point de vue assez grandiose :

En face, la grande galerie se poursuit honorablement avec des dimensions moyennes de 4 x 7 mètres, tandis qu’en contrebas sur la gauche, une belle terrasse intermédiaire et concrétionnée est aussi le point d’arrivée d’une galerie latérale. Après avoir pris pied sur la plateforme de calcite, où de belles stalagmites se sont érigées, nous décidons de faire quelques mesures dans la galerie latérale.

De dimensions plus restreintes, environ 3 x 1 mètre, cet affluent devient rapidement argileux, et après une dizaine de mètres un gros bloc barre la route, nous obligeant à le contourner. Ici nous marquons le pas, car une bonne et une mauvaise pensée nous viennent à l’esprit.

La mauvaise, c’est que cela fait presque une centaine de mètres que nous topographions en suivant des traces… et la bonne, c’est que dorénavant il n’y en a plus ! Nos prédécesseurs se sont laissé généreusement attirer par le souffle de l’inconnu, alors c'est bien dommage pour nous, la saveur de la découverte n’a pas le même goût... et encore moins celle de la topo !

10 mètres plus loin, toujours à quatre pattes sur des sédiments argileux, un nouveau carrefour se présente. A droite, la galerie devient plus spacieuse et propre et comporte des petits lacs, tandis qu’à gauche, l’argile est toujours présente dans une galerie d’environ 1,5 mètre au carré. Nous effectuons une visée de par et d’autre, pour bien marquer les directions de fuite, puis nous revenons au carrefour principal afin de continuer la grande galerie, baptisée pour l’occasion : galerie des Seconds.

Cette grande avenue a grossièrement un profil en forme de trou de serrure, et il nous semble plus simple de progresser directement au fond, plutôt de rester sur un semblant de vire à mi-hauteur, comportant également de nombreux rochers coincés dans la partie supérieure du surcreusement. Après un petit pas de désescalade, nous parvenons sans peine au niveau de base de la galerie. Il n’y a par ailleurs pas de traces devant nous, donc tout baigne dans le meilleur des mondes !

Bien que la galerie soit haute de 7 à 8 mètres, nous avançons toujours à la base du surcreusement, dont la largeur varie de 1,5 à 2 mètres. L’argile est omniprésente, mais comme la galerie n’est pas trop humide, ce n’est pas autrement gênant. Après 25 mètres d’un parcours agréable, un petit obstacle haut de 3 mètres nous barre le chemin. Qu’à cela ne tienne, en 2 temps et 3 mouvements (enfin pour certain…) le mur est franchi.

Pour la suite, la galerie est toujours aussi haute, mais le niveau où nous progressons est plutôt tourmenté. En effet, pour avancer il nous faut jongler entre des creux, des crêtes d’argile glissantes et des orifices qui trouent le sol ; ces derniers correspondent à des regards sur un surcreusement profond et large d’une quarantaine de centimètres, qui nous accompagne à un niveau inférieur.

Bientôt, les dimensions se réduisent sensiblement, puis nous arrivons à un nouveau carrefour. A droite, bien cachée derrière un rocher, une petite galerie ventilée se détache, nous laissons une marque topo dans un coude 5 mètres plus loin.

Devant nous, un étranglement au sommet d’un petit talus nous oblige à ramper sur quelques mètres, puis le plafond se redresse un peu, mais pas encore suffisamment pour nous tenir debout. C’est là, au niveau d’un élargissement, que nous décidons d'arrêter l’explo et la topo. La suite se présente sous la forme d’un laminoir assez propre de 4,5 x 0,9 mètre, mais nous n’en sauront pas plus pour aujourd’hui. Etant donné qu’un bon courant d’air est présent, cela laisse supposer encore des belles découvertes…

Nous revenons alors dans le secteur d’Erymanthe, où nous avons déposé notre matériel. Il est 18h45, cela fait donc 8 heures que nous avons quitté l’endroit. Nous rangeons nos affaires et mangeons encore un dernier petit morceau avant d’attaquer le retour. A ce sujet, je me rends compte que c’est toujours pareille, la même histoire qui se renouvelle à chaque sortie…

En effet, après avoir passé bon nombre d’heures à topographier dans la froidure des Fées (5° en moyenne), souvent nos estomacs crient « famine » au moment de revenir à nos sacs. Alors forcément, on ne peut s’empêcher de se goinfrer avec le solde de notre pic-nic, en ingurgitant au passage quelques bouchées supplémentaires… Ma foi c’est bien normal, on a faim donc : on mange !
Pourtant, on le sait bien qu’on va devoir fournir encore quelques efforts avant de ressortir du trou, donc le trop plein dans l’estomac qui peinera à digérer, ah bah ça va nous le faire savoir d’une façon ou d’une autre ! Et au moment où les symptômes se manifesteront, on se dira d’un ton agacé :

- Mais quel c… mais pourquoi ai-je mangé autant ?

Bref, à part quelques tourments d’estomac, rien d’autre à signaler sur le chemin de la sortie.
Il est seulement 21h45 lorsque nous sortons du trou, soit un TPST de 13 heures. C’est un peu moins que la moyenne, tout simplement parce que les faibles déplacements nous ont épargnés du temps.

Avec 188 mètres de topo, le développement du réseau passe maintenant à 17'539 mètres.