2012 août 25
Les secrets de la galerie… Secrète !
00:00 - Par Agamemnon - Explorations - Lien permanent
En ce dernier week-end des vacances scolaires, pas de repos pour les braves ! En effet, Claudal et Pierre rejoignent leur paradis Féérique, le temps d’une dernière exploration avant le passage à l’automne ; dans l’intervalle ils n’ont plus d’autres disponibilités.
Comme ces jours-ci la météo est capricieuse, nous ne prenons pas le risque de nous aventurer dans les zones critiques, c’est donc au dernier moment que nous décidons de nous rabattre dans un secteur hors danger, celui d’Erymanthe.
Ce dernier, forme avec la galerie Secrète et la galerie Clochette, une boucle latérale vers la fin de la galerie des Lacs. L’endroit est en cours d’exploration par le tandem Seb & Millepattes, mais comme l’un se remet gentiment d’un accident et l’autre d’ennuis de santé, cela veut dire qu’ils ne seront vraisemblablement pas de la partie cette année. En attendant, c’est avec leur bénédiction que nous allons poursuivre leur zone.
Il est 08h45 lorsque nous pénétrons dans la baume des Follatons. Pour une fois, nous décidons de laisser la porte ouverte. En effet, d’une part cela va permettre aux innombrables moustiques qui squattent l’entrée, de pouvoir s’échapper, mais aussi, cela va créer un petit courant d’air fort apprécié, notamment dans la galerie du Graal où l’on a tendance à s’échauffer.
A 10h45 nous sommes déjà à bottes d’œuvre dans le secteur convoité. Quelle plaisir d’avoir pris si peu de temps en déplacement, alors qu’habituellement il faut compter 4 heures en moyenne pour nous rendre dans les zones éloignées. A peine à 2 heures de l’entrée, le secteur d’Erymanthe est actuellement l’endroit le plus proche pour faire de l’exploration, c’est presque un privilège…
Pour la suite des opérations, nous avons 3 possibilités, mais sur les conseils des connaisseurs nous allons poursuivre une petite galerie qui s’échappe en rive droite, une trentaine de mètres avant le puits-cheminée d’Erymanthe. Mais pour commencer, un peu en avance sur l’horaire, nous effectuons la pause du repas de midi, histoire de faire le plein de réserves. Après quoi, nous entrons dans le vif du sujet.
Après 8 mètres de parcours, un carrefour se présente déjà. Nous laissons ici le départ d’une galerie supérieure afin de poursuivre le couloir principal. De belles petites lames d’érosion garnissent le sol, qui ne tarde pas à se fendre d’un surcreusement étroit et impénétrable. La galerie se rétrécit ensuite puis part en profondeur, nous obligeant à faire quelques pas de désescalade. Malheureusement, à peine 25 mètres après le dernier carrefour, nous devons stopper face à un méandre étroit, plongeant à perte de vue. Un petit courant d’air est bien présent, mais visiblement, il n’y a que lui qui peut passer !
De retour au carrefour, nous empruntons la galerie supérieure qui démarre au sommet d’un petit ressaut de 2 mètres. Avec 4 x 1 mètre de section, c’est à quatre pattes que nous poursuivons. Les dimensions s’amenuisent au-delà, mais heureusement, nous débouchons rapidement dans une grande galerie. Avec une section de 5 x 2 mètres, la surprise est agréable, d’autant que le sol n’est pas en reste, un mélange argilo-sablonneux séché.
L’amont de cette nouvelle galerie ne peut se suivre que sur une dizaine de mètres, où les sédiments accumulés jusqu’au plafond ont eu raison du conduit. En revanche, l’aval file gaiement au nord-est, alors ça roule !
Rapidement, nous arrivons sur une sorte de promontoire avec un point de vue assez grandiose :
En face, la grande galerie se poursuit honorablement avec des dimensions moyennes de 4 x 7 mètres, tandis qu’en contrebas sur la gauche, une belle terrasse intermédiaire et concrétionnée est aussi le point d’arrivée d’une galerie latérale. Après avoir pris pied sur la plateforme de calcite, où de belles stalagmites se sont érigées, nous décidons de faire quelques mesures dans la galerie latérale.
De dimensions plus restreintes, environ 3 x 1 mètre, cet affluent devient rapidement argileux, et après une dizaine de mètres un gros bloc barre la route, nous obligeant à le contourner. Ici nous marquons le pas, car une bonne et une mauvaise pensée nous viennent à l’esprit.
La mauvaise, c’est que cela fait presque une centaine de mètres que nous topographions en suivant des traces… et la bonne, c’est que dorénavant il n’y en a plus ! Nos prédécesseurs se sont laissé généreusement attirer par le souffle de l’inconnu, alors c'est bien dommage pour nous, la saveur de la découverte n’a pas le même goût... et encore moins celle de la topo !
10 mètres plus loin, toujours à quatre pattes sur des sédiments argileux, un nouveau carrefour se présente. A droite, la galerie devient plus spacieuse et propre et comporte des petits lacs, tandis qu’à gauche, l’argile est toujours présente dans une galerie d’environ 1,5 mètre au carré. Nous effectuons une visée de par et d’autre, pour bien marquer les directions de fuite, puis nous revenons au carrefour principal afin de continuer la grande galerie, baptisée pour l’occasion : galerie des Seconds.
Cette grande avenue a grossièrement un profil en forme de trou de serrure, et il nous semble plus simple de progresser directement au fond, plutôt de rester sur un semblant de vire à mi-hauteur, comportant également de nombreux rochers coincés dans la partie supérieure du surcreusement. Après un petit pas de désescalade, nous parvenons sans peine au niveau de base de la galerie. Il n’y a par ailleurs pas de traces devant nous, donc tout baigne dans le meilleur des mondes !
Bien que la galerie soit haute de 7 à 8 mètres, nous avançons toujours à la base du surcreusement, dont la largeur varie de 1,5 à 2 mètres. L’argile est omniprésente, mais comme la galerie n’est pas trop humide, ce n’est pas autrement gênant. Après 25 mètres d’un parcours agréable, un petit obstacle haut de 3 mètres nous barre le chemin. Qu’à cela ne tienne, en 2 temps et 3 mouvements (enfin pour certain…) le mur est franchi.
Pour la suite, la galerie est toujours aussi haute, mais le niveau où nous progressons est plutôt tourmenté. En effet, pour avancer il nous faut jongler entre des creux, des crêtes d’argile glissantes et des orifices qui trouent le sol ; ces derniers correspondent à des regards sur un surcreusement profond et large d’une quarantaine de centimètres, qui nous accompagne à un niveau inférieur.
Bientôt, les dimensions se réduisent sensiblement, puis nous arrivons à un nouveau carrefour. A droite, bien cachée derrière un rocher, une petite galerie ventilée se détache, nous laissons une marque topo dans un coude 5 mètres plus loin.
Devant nous, un étranglement au sommet d’un petit talus nous oblige à ramper sur quelques mètres, puis le plafond se redresse un peu, mais pas encore suffisamment pour nous tenir debout. C’est là, au niveau d’un élargissement, que nous décidons d'arrêter l’explo et la topo. La suite se présente sous la forme d’un laminoir assez propre de 4,5 x 0,9 mètre, mais nous n’en sauront pas plus pour aujourd’hui. Etant donné qu’un bon courant d’air est présent, cela laisse supposer encore des belles découvertes…
Nous revenons alors dans le secteur d’Erymanthe, où nous avons déposé notre matériel. Il est 18h45, cela fait donc 8 heures que nous avons quitté l’endroit. Nous rangeons nos affaires et mangeons encore un dernier petit morceau avant d’attaquer le retour. A ce sujet, je me rends compte que c’est toujours pareille, la même histoire qui se renouvelle à chaque sortie…
En effet, après avoir passé bon nombre d’heures à topographier dans la froidure des Fées (5° en moyenne), souvent nos estomacs crient « famine » au moment de revenir à nos sacs. Alors forcément, on ne peut s’empêcher de se goinfrer avec le solde de notre pic-nic, en ingurgitant au passage quelques bouchées supplémentaires… Ma foi c’est bien normal, on a faim donc : on mange !
Pourtant, on le sait bien qu’on va devoir fournir encore quelques efforts avant de ressortir du trou, donc le trop plein dans l’estomac qui peinera à digérer, ah bah ça va nous le faire savoir d’une façon ou d’une autre ! Et au moment où les symptômes se manifesteront, on se dira d’un ton agacé :
- Mais quel c… mais pourquoi ai-je mangé autant ?
Bref, à part quelques tourments d’estomac, rien d’autre à signaler sur le chemin de la sortie.
Il est seulement 21h45 lorsque nous sortons du trou, soit un TPST de 13 heures. C’est un peu moins que la moyenne, tout simplement parce que les faibles déplacements nous ont épargnés du temps.
Avec 188 mètres de topo, le développement du réseau passe maintenant à 17'539 mètres.
Commentaires
Wouaaah ! Bravo les braves !
Vous avez bien fait de profiter avant les pluies d'automne.
C'est super ce que vous avez trouvé, même si sans topo, c'est pas très facile de vous suivre là dessous, tant ça semble se diviser, se diviser encore, sans fin. Les passages vers la partie active semblent assez "jeunes" s'ils sont encore aussi étroits que ça.
Par contre, les traces des premiers pourraient appartenir aux visiteurs creveurs de chambres à air, non ? Le secteur n'est pas si éloigné.
C'est malheureux, mais le manque de respect de certains continue de m'énerver, mais ne m'étonne plus, hélas. J'en ai d'autant plus (de respect) pour ceux qui, belle galerie ou pas, se forcent à rester là où leur topo s'arrête.
Merci à tous les deux de faire progresser la découverte de ce magnifique labyrinthe des Fées. Et au passage, bon rétablissement aux deux éclopés-malades.
Le 30 août 2012, 19:20 par Guy
-"Nos prédécesseurs se sont laissé généreusement attirer par le souffle de l’inconnu..."
Il s'agit bien sûr de nous, Guy ! Les explorateurs du jour ont simplement repris notre secteur, que nous avions reconnu mais pas (encore) topographié.
@Agamemnon : ... généreusement attirer ... j'ai lu entre les lignes et j'ai bien reçu le message ! On a fait 100m. de reco ? Autant que ça ?
Bref, vous avez fait les meilleurs choix et je suis content que le secteur semble offrir de belles découvertes. Dès demain, vendredi, je remets le pied au baudrier ! J'espère que nous pourrons bientôt aller topographier le reste déjà reconnu.
N'est-ce pas Millepattes ?!
Le 30 août 2012, 21:29 par Sébastien
" le reste déjà reconnu"? Là tu m'inquiète Sèb! 100 mètres réparti sur les trois départs me paraissent déjà bien surenchèri! Je ne me souviens pas avoir été au-delà du premier carrefour de la "galerie des Seconds" là ou la petite stalagmite marque le 1er diverticule à gauche... Aurais-tu, avant que je te rejoigne; fait une petite "escapade"? :-)
Peu importe, le principal objectif est que le retard à été "gommé" par la topo des valeureux pionniers des Fées est que dorénavent l'on reparte sur du neuf...
Cette fois, l'automne et la pluie ont fait leur grand retour! Le fond du réseau va se remettre gentiment en charge et Seb aura le temps de se remettre en forme avant de reprendre les nombreuses suites annoncées!
A quand une nouvelle entrée, plus directe? A vos cartes et boussoles... Prêts? Partez!
Le 31 août 2012, 07:34 par Millepattes
Alors, concernant la chambre à air crevée, on a élucidé le mystère et trouvé la responsable, il s’agit de… Dame Nature !
En effet, samedi 4 août nous sommes descendus aux Fées avec Cad pour amener la chambre à air réparée et pour mettre de l’ordre dans le reste du matos. On voulait aussi dépendre notre bateau qui, depuis 3 ans, était suspendu au plafond de la galerie des Epées, bien à l’abri des crues…
Alors justement, ce jour-là nous avons constaté que notre bateau n’était plus suspendu à la verticale comme on l’avait placé à l’origine, il était cette fois à l’horizontale, presque plié en deux et complètement coincé entre les parois (impossible humainement de le bloquer de cette façon, même en tirant à mort sur la cordelette de suspension).
Bref, pour coincer le bateau de la sorte, l’eau a dû monter jusqu’au plafond de la galerie, pourtant haute d’une dizaine de mètres, ce qui veut dire que tout le secteur était noyé !!!
Alors bien sûr, concernant les chambres à air qui devait être retenues à quelques mètres sous la surface de l’eau, il y a forcément dû avoir quelques frottements… ce qui explique la crevaison d’une d’entre elles.
Sinon, à part ça, depuis hier je suis dorénavant équipé et opérationnel pour les relevés topographiques à 100% informatisés, soit PDA + DistoX. Alors accrochez-vous, pour les prochaines sorties on risque bien d’exploser les quantités premières... YEAHHHHHHH !
Le 31 août 2012, 16:07 par Agamemnon
Tu as lu le com4. Sébo-l'informatique?! J'espère qu' en tant qu'informaticien du SCC; tu ne vas pas te laisser distancer avec ton "papier-crayon" et finaliser les essais disto-tablette que l'on a amorçé ce printemps et qui avaient l'air prometteurs...
Afin que le Millepattes puisse poser les points-topo à la vitesse du son et ainsi éviter de s'engourdir les pattes entre deux mesures ;-)
A bientôt pour des relevés 100% numériques!
Le 31 août 2012, 17:38 par Millepattes
Donc avec 2 equipes topo avec PDA et DistoX les prochaines sorties vont doublement exploser les quantités de première!
Le 1 sept. 2012, 11:51 par Ludo
Bientot une autre entree oui sûrement les creuses continue en tou cas et ça vas passe dans quelques temps à plus pour un contre du plus précis
Le 2 sept. 2012, 09:57 par Dédié
C'est toujours un plaisir de lire vos récits si détaillés, tant que le profane que je suis peut le comprendre, et de voir vos photos (quand il y en a).
Merci de nous faire partager vos aventures, et bon courage pour rester aussi longtemps dans le froid sous terre... mais le frisson de découvrir quelque chose d'encore plus extraordinaire doit valoir tous ces maux, et vous avez déjà découvert un réseau extraordinaire !
Bonne chance pour la suite et vivement une troisième entrée (et une quatrième, cinquième ? ;-)
Le 2 sept. 2012, 22:15 par shimbawa