La neige tassée nous permet d'atteindre le parc supérieur sans l'aide des raquettes. Mais par contre, c'est depuis là que les choses se compliquent et nous font regretter amèrement les dites raquettes restées en bas!

En effet, en l'absence de traces de véhicules et de promeneurs, la neige enfonce jusqu'à des profondeurs insoupçonnées et rend chaque pas extrêmement pénible, surtout pour l'homme de tête, ce qui fait que nous nous relayions fréquemment à cette position peu enviée!

Le cumul de neige dépasse le mètre à l'approche des Follatons; et le Millepattes qui espérait atteindre l'entrée frais et dispo, à du déchanter une fois de plus, car c'est en nage qu'il s'engouffre en 3ème position dans l'entrée pour refermer la trappe couverte de givre, afin de s'épargner les courants d'air glacés qui dévalaient les puits l'hiver dernier!

L'avantage de cette couverture d'entrée, c'est que les puits sont beau propres et sec en tous cas jusqu'à moins 50 mètres et plus aucune trace de glace rendant la descente risquée...
Question écoulements, c'est vraiment l'étiage d'hiver et seules quelques rares gouilles jalonnent encore la galerie du Graal...

Parvenus aux Épées, le "toilettage" traditionnel s'effectue au premier lac, puis, l'équipe s'embarque en direction du Terminal. Une fois là-bas, la pause des 11 heures permet de reprendre des forces avant de poursuivre notre périple en direction de la salle du Col.

A partir de là, c'est une vraie escalade qui débute, afin d'atteindre le départ de la galerie Céleste, but de notre incursion. Heureusement, une corde est en place depuis nos fameuses mesures U-GPS de juin 2008, qui nous avaient permis de vérifier l'exactitude de la topo par rapport à la surface.

Une fois au départ de la galerie, nous pouvons nous déséquiper du matériel vertical, ce qui nous facilitera la progression à venir!
La 1ère partie à été topographiée par Pierre et Claudal lors de leur dernière sortie, je ne vais donc pas redécrire tous les détails; il suffit de revenir au billet précédant!
Au-delà de la 1ère fosse, le laminoir et en effet assez sévère, il aurait manqué peu de sédiments pour que la dernière explo s'arrête là!

Comme le Millepattes a embarqué une corde; une vraie cette fois, en prévision du prochain ressaut de 4 mètres; pas une "corde à linge!" J'en file une extrémité à Seb qui a franchi l'obstacle; afin d'y attacher les kits à l'autre bout et qu'il tracte le tout en avant, ce qui nous facilite bien le passage en ramping rasant! Une fois le laminoir franchi, nous continuons, non sans admirer quelques formations intéressantes.

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Plus loin, la torche d'explo du Millepattes nous permet d'observer distinctement les plafonds de magnifiques cheminées, à une soixantaine de mètres de hauteur...

Parvenus au bas du R4, Pierre escalade l'obstacle afin de placer un spit au plafond pour y amarrer la corde, que nous avions noués tous les 50 cm afin d'avoir de bonnes prises de mains.
Encore quelques dizaines de mètres et nous arrivons au terme de la précédente exploration.

Là, Pierre nous cède la primeur pour le prochain repérage afin de se préparer à lever la topo dans les meilleures conditions... Passé un petit couloir de section carrée d'environ 1 mètre de côté, nous débouchons dans la suite de la galerie qui reprend sensiblement la même largeur que précédemment, la hauteur en moins, en effet le plafond c'est pas mal abaissé dès lors, tandis que le sol est jonché de sédiments.
La partie dextre de la galerie est surmontée de la faille qui nous accompagne depuis le début, tandis que la partie sénestre est occupée par un véritable mur de sédiments varvés qui va du sol au plafond!
Le milieu du couloir est même occupé par un imposant pilier de ces sédiments argileux qui semble ainsi soutenir le plafond de la galerie! A gauche de ce pilier, une imposante pendeloque orne les lieux et semble probablement avoir été, à une époque, engloutie dans les sédiments, avant d'avoir à nouveau été libérée par l'eau...

C'est un peu plus en avant que la déception commence à se lire sur les visages... En effet, après toutes ces merveilles, l'heure de la facture semble sonner!

Quoi?... Ca queute?!

Ben… hormis un petit puits parmi les sédiments au sol que Séb désescalade prudemment, mais dont la suite n'est qu'une perte impénétrable, il faut se rendre à l'évidence: Cette fois, pas la chance de trouver un laminoir qui nous permettrait de nous glisser sous le plafond!
L'accumulation de sédiments varvés rejoint celui-ci sur toute la largeur de la galerie, rendant ainsi toute progression impossible, à moins de s'y attaquer, mais sur quelle distance tout est bouché? Là est le mystère! Est-ce quelques mètres ou 25? Car de toute évidence, l'ancien collecteur se poursuit au-delà, mais ce n'est pas aujourd'hui que nous aurons la réponse!

A vue de nez, nous aurons donc 20 mètres de 1ère aujourd'hui! Mi-figue mi-raisin, nous retournons vers nos kits afin de casser la croûte, avant de s'attaquer à la topo du dernier tronçon de cette galerie Céleste. Et comme dit si bien Pierre: Cela fera "une galerie de plus en moins !"

Le "gueuleton" englouti, Pierre dégaine le Disto X et Millepattes prend le rôle du "ciblard". Une fois les visées reportées sur la feuille topo, Séb et Millepattes profitent de faire encore quelques photos pendant que Pierre parachève son croquis des lieux. Une ultime inspection permet de confirmer que nous n'irons pas plus loin aujourd'hui!

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Ainsi donc, l'heure est au repli, nous profitons de l'appareil photo pour emporter quelques souvenirs des vues de détail des lieux, car il est évident que pour des vues plus générales, il faut emporter un kit complet de matos spécialisé, surtout question éclairage...

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A mi-chemin du retour de la Céleste, de magnifiques draperies à la sonorité exceptionnelle, permettent d'improviser un mini concert de "Bass.drum"(avec les nilles des doigts; bien sûr, nous ne prendrions pas le risque d'abîmer de telles merveilles), talents cachés de mes deux collègues!
Merci aux Fées de nous avoir permis d'essayer leurs magnifiques instruments!



Une fois arrivés au-dessus de la salle du Col, nous nous ré-équipons pour descendre le long de la corde en place, puis nous déposons une partie du matos au dépôt du terminal avant de faire la pause 4 heures, afin de reprendre des forces pour attaquer le retour.

Une fois les kits remballés, le départ est donné par Pierre qui démarre en trombe pour enfiler la galerie Merlin! Mais pas de souci pour les deux "Padawans", ils connaissent le chemin de la sortie, depuis le temps!

A l'embranchement de la galerie du Graal sur Pinpin, Pierre nous laisse partir en avant, pendant qu'il va déposer du matériel au dépôt de la galerie des Épées. Mais nous n'avons pas eu le temps de prendre beaucoup d'avance; en effet, au moment de franchir la "Boîte aux lettres", j'entendais déjà qu’il débouchait du "Mouille-cravate"!

Une fois le trio rassemblé au bas du puits de la Peur, le Millepattes attaque la 1ère corde; après 6 mois sans remontée de puits, la reprise est un peu rude et l'introduction du méandre Blanche-glaise pas très aisée! Surtout avec un kit assez lourd...
Arrivé au départ de la corde de la Cathédrale, mes collègues débouchent déjà de la trémie!

Ce n'est qu'une fois parvenu outre le fractionnement du P37, que je parviens à me défaire du "stress de la poursuite"! En effet, le Millepattes n'aime pas, en remontée de puits, avoir l'impression de faire "poireauter" le suivant qui doit attendre au bas de la corde!
C'est pourquoi, il aime avoir un ou deux fractios d'avance afin de goûter au luxe de flâner en montant, voir de se détendre au milieu d'une verticale, presque aussi bien que dans un hamac!

Parvenu au Goulet des aveugles, c'est une délicieuse odeur de sapin que je perçois, en lieu est place de l'affreux courant d'air glacé de l'hiver précédant! Pas de doute, la couverture de rondins fait tout son effet et parfume même les puits jusqu à moins 50 mètres! En effet, ce n'est qu’en haut du puits de la Douche que l'on commence à sentir un peu plus de fraîcheur, mais rien de bien méchant!

Au-dessus du puits Cayenne, lieu désormais baptisé le Bunker, je déguste mon dernier gobelet de thé chaud, bien à l'abri en attendant que mes deux compères me rejoignent avant d'ouvrir la porte et d'être gratifié d'une volée d'air pour le moins rafraîchissant, au moment de sortir à l'air libre!

Une fois dehors, le dernier referme le portillon et nous descendons en direction du chemin; il est 18h30, nous avons donc passé 9 heures au royaume des Fées...
La descente est laborieuse avec autant de neige, parfois nous plantons jusqu'à la ceinture, Séb a même risqué de se flinguer un genou quand sa jambe est restée au fond d'une trace...

Une fois rejoint le chemin, Pierre a pris le mord aux dents pour descendre au pas de course jusqu'à sa voiture... Pas de doute, il a dû sentir l'avoine! Le Millepattes, n'en pouvant plus, a du réduire l'allure avant de s'affaler dans l'ornière!

Une fois rechangés, le trio a pris l'apéro au "PC du Millepattes"avant d'engloutir une bonne pizza sur Vallorbe!

Le Millepattes