Une fois arrivé dans le réseau, nous nous nettoyons à la galerie des Epées et nous mettons directement en route vers le méandre Topo-Ecole.

Une fois arrivé au dernier point topo, nous nous répartissons le matériel et avançons lentement. Le méandre est sinueux, change de direction à tout instant. Le méandre devient plus étroit et les visées se font courtes (2-3 mètres à chaque fois). Pour un topographe débutant, c’est un bel exercice !

Après quelques visées plus longues ( > 10 m.), nous débouchons sur un siphon de plusieurs mètres de large. L’eau est assez sale, plutôt stagnante. Les parois, emplies de glaise, sont la preuve que ce siphon doit parfois déborder, jusqu’à bien faire monter l’eau dans le méandre et alimenter le Terminal.

Joli coup d’œil, au siphon : il est gardé par un magnifique « Bison de Glaise », parfaitement dessiné et sculpté par la nature ! Une œuvre certainement éphémère… qui sera peut-être transformée lors de la prochaine crue. Le plafond, au dessus du Siphon, est voûté, ce qui indique peut-être qu’à une époque, l’eau devait remonter avec violence.

Nous quittons le « Bison de Glaise » pour retourner au Terminal. Nos kits nous y attendent, avec un pic-nic bien mérité. Il faut dire qu’après 4 heures de topo, il est temps de manger. Nous sommes déjà bien décalés, avec un repas de midi qui sera consommé à 14 heures !

Après un repas et une rasade de thé chaud, nous emportons notre matériel mécanique et marchons en direction de la Salle du Col. Avant de l’atteindre, il faut traverser l’aval de la Galerie des Errants. Le passage (toujours à gauche !) n’est pas si compliqué et débouche sur la fameuse Salle du Col. La hauteur du plafond y est impressionnante ! Nous gravissons le col, pour atteindre une coulée de calcite équipée d’une corde. C’est là que débutera notre travail d’exploration et de topographie.

Vu le volume de l’endroit, c’est en topographe expérimenté que Pierre prend les commandes. Quelques minutes de réflexions lui seront nécessaires pour appréhender l’endroit et le topographier au plus près de la réalité. Nous remontons la coulée de calcite, haute d’une dizaine de mètres, et débouchons sur une nouvelle pente, peu escarpée, qui se terminera sur un petit dôme, formé de roches tombées du plafond. Idéal pour un point topo !

A cette endroit, il y’a beaucoup d’eau qui dégouline du plafond. Pour mesurer la hauteur de la cheminée qui se trouve au-dessus de nos têtes, Pierre devra s’y prendre à plusieurs reprises. D’abord incrédule, il devra se rendre à l’évidence :

Le plafond de la Salle du Col est déjà très haut…mais, à l’endroit de la cheminée, le disto-X affiche une hauteur de 60 mètres !

Nous sommes si proches de la surface ! Durant quelques minutes, nous rêvons à un accès à cet endroit… qui simplifierait bien les expéditions à venir !

Nous avançons encore une dizaine de mètres, jusqu’à un départ d’une belle galerie de grandes dimensions (7x8 m.) très concrétionnée, au plafond et sur les parois. D’où nous sommes, nos yeux sont attirés par la suite. Il faut se faire violence et garder cela pour la prochaine expédition, car l’heure est déjà avancée. Pourtant, tout est si proche… il suffirait de quelques pas supplémentaires…

Durant la marche de retour, vers le Terminal, je repense à ce départ de galerie :

  • Qu’y a-t-il plus loin ?
  • Est-ce toujours aussi concrétionné ?
  • Quand est-ce qu’il sera possible de revenir par là ?
  • Quelle longueur peut bien faire cette nouvelle galerie ?
  • Quel nom pourrait-on lui donner ?

Il est maintenant déjà tard : il faut songer à gagner le bivouac ! Pour cela, nous nous faufilons entre les blocs de la Galerie des Errants. Je suis devant, pour mettre à l’épreuve ma mémoire visuelle. Je m’égare à plusieurs reprises et m’épuise. Toutes les difficultés sont présentes et doivent être enchaînées les unes derrière les autres :

  • Échelles spéléo peu encourageantes
  • Cordes à nœuds
  • Passages dans des étroitures
  • Escalades et désescalades
  • Endroits similaires et trompe-l’œil
  • Passages glissants, boueux.

Une fois sorti de l’Enfer des Errants, les choses deviennent plus simples. Je redécouvre des endroits. Nous atteignons ensuite la fabuleuse galerie des Titans.

Puis, au sommet du Dôme de terre qui se trouve devant nous, on aperçoit la tente. Nous sommes arrivés ! Passer une nuit au bivouac nous permet de travailler durant toute la journée du samedi, jusqu’à une heure avancée.

Pas de gaz, pas de repas chaud !

Une fois débarrassés de nos habits boueux, nous pouvons préparer notre repas. Le menu est simple, mais efficace (soupe, pâtes).

Par contre, nous devons être inventifs ! Le réchaud à gaz est complètement oxydé et impossible de manipuler le robinet. Il faut se débrouiller avec les moyens du bord. Nous avons une vague pince, qui pourrait nous aider… mais au risque de tout casser en forçant. C’est une lime et une clé à molette, trouvées sur place, qui nous permettront de manger chaud. Nous dégustons notre repas avec d’autant plus de plaisir !

Le café pris, il est temps de se reposer un peu, d’autant qu’il est déjà près de minuit. Les affaires laissées sur place, sacs de couchage et habits chauds, sont un peu humides. La chaleur du corps réchauffera tout cela et séchera durant la nuit.

Le lendemain matin, nous déjeunons, comme à la maison. Nous consacrons un peu de temps à la révision de l’inventaire du matériel et nourriture qui reste sur place et regagnons la surface.

Il est env. 14h30 lorsque nous voyons le jour. Le W-E se termina au tea-room local, pour savourer un excellent café bien chaud et quelques pâtisseries !