Un peu d'histoire:
Cette galerie a initialement été découverte par son aval, puisque Claude-Al’ et Pierre remontaient le collecteur fossile, en accédant au Réseau des Fées via le grand porche, bien connu de tous.

Lorsqu’ils sont arrivés dans la Salle du Déversoir, qui coupe la Galerie de Noël en deux parties distinctes (amont et aval), les deux explorateurs ont effectué la reconnaissance et ont découvert que le collecteur se poursuivait vers la Galerie des Errants.

Du coup, l’amont de la Galerie de Noël a été laissée de côté, au profit de l’itinéraire principal « Galerie de Noël (aval), Salle du Déversoir, Galerie des Errants, Terminal… ». La Baume des Follatons, découverte en 2008, nous permet d’éviter un cheminement de presque 3 km et d’atteindre le même endroit plus rapidement, la fatigue en moins.

Journée du 30 octobre:
Une fois n’est pas coutume, c’est un vendredi matin que nous avons choisi pour poursuivre notre travail d’exploration. A 09h15, nous sommes équipés, au bord de la Baume.

Nous nous rendrons donc à la Galerie de Noël.

Avant d’y arriver, le rituel prend place : descente des premiers puits, passage de l’étroiture sur corde, et des déviations. Au bas du puits de la cathédrale, nous jetons un rapide coup d’œil sur le gros rocher tapissé de fossiles, désescaladons de la trémie, franchissons le méandre de « Blanche Glaise et des Sept Gouilles », toujours très salissant.

Ce méandre se franchit à plat ventre, en évitant au mieux de se tremper dans les gouilles. La glaise ne facilite rien en rendant l’endroit assez glissant. Au bout du méandre, on débouche tête en avant en pleine paroi du Puits de la Peur à quelques dizaines de mètres du sol. Il s’agit alors de se rétablir, fleurtant avec le vide, en s’assurant sur la main courante. C’est ensuite la dernière fois qu’on utilise le descendeur, avant d’arriver au terme de la descente verticale. Nous sommes à -150 mètres de l'entrée.

Puis, on se déplace courbés dans la Galerie du Graal qui fait jonction avec le réseau des Fées. L’habitude aidant, chacun sait exactement où conserver son kit sur le dos et où il est nécessaire de l’enlever pour faciliter les passages étroits. On se retourne peu, sachant que le coéquipier est habitué du passage. Plus la progression est rapide, plus nous aurons le temps d'explorer, dès notre destination atteinte.

Une fois dans le réseau, on peut enfin se tenir debout et c’est direction le point d’eau le plus proche pour se débarrasser de la glaise. Les nettoyages effectués, nous remontons la Galerie Merlin jusqu’au secteur du terminal. C’est le moment de manger un morceau. Une fois encore, ni Pierre, ni moi ne portons de montre au poignet. Du coup, peu importe l’heure : notre vie souterraine est rythmée par les sensations de faim. Encore faut-il être accordés l’un à l’autre !

Depuis le Terminal, nous suivons la Galerie des Errants pour terminer dans la Salle du Déversoir. Pour mon équipier, c’est un cheminement étrange. Il l’a fait si souvent, mais dans le sens inverse ! Une fois arrivé, c’est l’occasion de faire le tour de la salle, et pour moi, de reconnaître l’endroit et de se remémorer chaque passage et un maximum de détails. Autant de photos mentales à stocker ! La connaissance du Réseau des Fées n'est pas chose facile !

Nous nous introduisons ensuite dans l’amont de la Galerie de Noël, but de notre sortie. Le début est déjà topographié par les premiers explorateurs. Cette sortie est dédiée à la poursuite du travail. Pierre, habitué aux photos mentales, a bonne mémoire du lieu et retrouve immédiatement le dernier point connu. C'est à partir de là que nous allons mesurer, noter et dessiner les détails de ce qui suivra.

Plus la galerie avance, plus le plafond baisse. Nous progressons courbés, puis à 4 pattes et terminons à plat ventre. Par chance, une cheminée et un point haut nous permettent de nous redresser et facilite le travail du dessinateur. La galerie se terminera sur un ébouli de rochers. Impossible de passer. Dommage ! Pourtant, nous voyons tous les signes qui montrent que jadis, cette galerie avait de belles dimensions. Bien large, elle devait aussi permettre de s'y déplacer debout. Nous explorons ensuite 2 départs, mais ils se termineront rapidement. L'amont de la Galerie de Noël nous a livré tous ses secrets. La topographie relevée, nous retournons sur nos pas, mangeons un morceau dans la Salle du Déversoir et buvons un peu de thé chaud.

Il nous reste suffisament de temps pour remonter un méandre qui débouche sur le Terminal. Un petit ruisseau s'en échappe et on s'y déplace debout. C'est parfait pour que je prenne la plaque topo et me mette à mon tour à topographier. Après une brève hésitation, nous baptisons l'endroit :

Méandre Topo-Ecole.

Les zigzags sont excellents pour exercer la topographie et le méandre est très beau. L'eau recouvre des roches coupantes, les parois sont lisses et coupantes : preuve que le ruisseau doit parfois se gonfler d'eau et aiguiser la roche.

Attention à l'équipement ! Ces rasoirs auraient vite fait de couper !!!

Plongé dans mon dessin, je prends bonne note de l'avertissement de mon équipier, qui part devant. Il reviendra plus tard, avec une botte éventrée, condamné à avoir les pieds mouillés pour le voyage du retour!

Nous topographions à deux la moitié du méandre. Les pieds dans l'eau, le froid se fait sentir. Il est temps de revenir sur nos pas, se réchauffer avec le thé et attaquer le chemin du retour. Après plus de 10 heures passées sous terre, la fatigue se fait sentir et la remontée en surface prendra du temps. Quelques pauses seront même nécessaires. Une fois arrivé, nos éclairages nous rendrons un ultime service, jusqu'à la voiture. En effet, il fait déjà nuit noire dans la forêt du Crêt Cantin !