Une fois paré, le duo se lance à l'assaut de la cavité; il est 09h45 quand le carnet de présence est rempli.

Parvenus au siphon de la Polaire, les deux compères remarquent qu'une montée du siphon dû à l'orage de samedi passé (pluviométrie de 26 mm.), a effacé nos traces dans la boue qui tapisse le fond de la galerie...
Par contre, le niveau d'eau du siphon a, lui, maintenant baissé d'un bon mètre par rapport au niveau d'il y a deux semaines! Cela démontre à quel point un simple orage a tôt fait de remplir ce passage par les infiltrations du plafond en fissure, mais que par une année généralement sèche comme 2009, celui-ci peut se rabattre rapidement et se libérer en une petite semaine! Mais bon, il faut toujours être sûr de son coup quand on s'engage de ce côté du réseau, car une semaine à patienter au-delà si l'on doit se faire piéger, cela risque d'être long, très long! :-(

Pour la suite, le passage de l’Ecluse porte bien son nom! Car, en effet, à cet endroit, la hauteur d'eau est pratiquement constante toute l'année, mais cela n'est pas autrement gênant, car le principe d'Archimède nous aide à nous élever pour franchir l'étroiture aquatique!

Le ressaut Guillaume Tell et le puits Spider glaise sont escaladés sans problème et nous rejoignions enfin l'Hexagal pour nous aiguiller vers le labyrinthe des Gnomes et sa clé sud, où, cette fois nous restons sur la bonne voie!

Les dernières étroitures vaincues, nous débouchons en plein dans la vaste trémie du Cataclysme et nous rejoignions directement la petite chambre où nous avions arrêté la topo la dernière fois.

Cataclysme_dessin.jpg
Là, nous ouvrons nos kits super boueux avant d'enlever nos gants, puis déballons tous le matériel topo afin d'attaquer l'ouvrage pendant que nous sommes encore chauds!

Ayant reçu de nouvelles consignes de "Grand Maître spéléo" :-), et comme nous évoluons dans une trémie, nous nous contentons de prendre toutes les visées du cheminement à suivre en ne dessinant, pour l'instant, que la paroi ouest, qui est la seule apparente dans cet enchevêtrement de blocs de toutes grandeurs...

Cela nous permet d'avancer bien plus rapidement; tout en escaladant quelques ressauts et talus d'éboulis avant d'atteindre au bout d'une petite heure de mesures, l'accès de la salle tant convoitée!

La résonance est bonne, preuve que volume il y a!
En qualité de pompier retraité, Millepattes décide que l'on va attaquer le tour de la salle par la droite; façon de procéder qui est la règle lorsque l'on s'engage dans un espace inconnu... D'autant qu'en débutant à gauche, il aurait fallu s'attaquer à l'escalade d'une pente d'éboulis glaiseux et graveleux très instable. Avec le matos délicat dans les mains, cela n'aurait pas été très raisonnable!

Depuis cet endroit, il est enfin possible de faire des visées qui dépassent la barre des 10 mètres! Nous longeons ainsi le miroir de faille ouest et le disto x nous annonce des valeurs très proches d'un parfait alignement nord-sud correspondant ainsi à celui du Miroir des fées quelques centaines de mètres plus au sud! Que du bonheur pour les deux apprentis-géologues!

Parvenus près de l'extrémité sud-ouest de cet espace, une "mesure morte" est faite à cet endroit pour connaître la distance exacte de l'angle de la salle, inaccessible à cet endroit car au-dessus d'un vide. Une mesure en angle cassé est faite pour rejoindre le prochain point topo sur un petit col, qui nous permettra de rejoindre le deuxième angle au sud-est...

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Par chance, un passage derrière d'énormes blocs effondrés, nous permet ainsi de faire le tour de ce volume sans quitter les parois, qui sont pratiquement aussi lisse que le mur de la grande Dixence!

Au milieu du miroir de faille, côté est, un passage sous les blocs permet de ne pas quitter ce dernier, ce qui facilite grandement les mesures, un point rouge est laissé également là par le Millepattes, vu que des possibilités de descendre sous l'enchevêtrement de blocs existent autant de ce côté qu'à l'opposé, depuis où nous sommes arrivés. Un point de raccordement topo ne sera pas un luxe, pour les explorations futures!

Salle_Pont_Arche2.jpg

La descente (aventureuse) de la trémie n’est pas à l'ordre du jour, car nous devons précisément se mettre à jour avec nos relevés avant de pousser plus loin; nous poursuivons le tour de cette magnifique salle pour rejoindre les deux angles nord avant de revenir au sud le long du miroir ouest et ainsi de boucler la boucle.

Cette salle est d'origine tectonique, donc particulièrement angulaire, ce qui en fait sa particularité, il semble que dans un premier temps, une grande galerie phréatique à du se former en-dessous et que la roche, fragilisée à cet endroit par un faisceau de failles axées nord-sud c'est abattue dans la galerie inférieure, laissant ainsi apparaître à nu deux des principaux miroirs de faille de l'endroit.

Un seul des miroirs est recouvert de calcite, l'autre est vierge, donc une partie de l'effondrement est récent est n'incite pas vraiment à l'établissement d'un bivouac à cet endroit toujours actif!

Le plus spectaculaire dans cette salle et la division en trois parties de l'effondrement; en effet les tiers est et ouest de ce volume se sont effondrés selon un profil rectangulaire, alors que la partie centrale se détache nettement sous la forme d'une magnifique arche naturelle d'une portée de 44 mètres pour une hauteur en plein cintre de 20 mètres! Le nom de l'endroit est ainsi tout trouvé: Ce sera la salle du Pont de l'Arche!

Au nord de celle-ci, la faille se prolonge loin de là, mais malheureusement impénétrable, tandis qu’au sud, tout semble bouché. S’il y a quelque chose à découvrir, ce sera dans les bas fonds pénétrables de l'endroit, mais sous des milliers de tonnes de blocs instables! Avis aux amateurs!

Le Millepattes profite d'une courte pause pour satisfaire une urgence et laisse la combi étanche ouverte afin de faire sécher un peu la sous-combi moite de transpiration et referme juste la pvc... Cette anecdote semble incongrue à cet instant mais va prendre tout son sens quelques heures plus tard!..

Quelques mesures complémentaires sont encore réalisées pour la précision du croquis, puis nous décidons de plier bagages et de redescendre vers nos kits pour prendre des 4 heures bien mérités; non sans récupérer en descendant notre fil d'Ariane devenu superflu maintenant que nous avons parcouru maintes fois le cheminement...

La pause 4 heures avalée, nous remballons tout le matos et départ direction la sortie si l'on ne veut pas inquiéter Patricia en se mettant en retard...

Nous remontons tranquillement le boyau des Gnomes pour rejoindre l' Hexagal et commencer la descente de la Polaire.

Jusqu' au ressaut Guillaume Tell, tout va bien; voilà qu'apparait l'écluse... Millepattes passe son kit à Séb, le temps de franchir l’étroiture les jambes en premier et de se laisser glisser en aval en expirant à fond pour faciliter le passage dans le profond chenal. Et c'est là qu'une bizarre impression de froid subit parvient au bas-ventre du Myriapode!

M....ma combi étanche!!! Lance-t-il infiniment désolé!

Laissant Séb un instant derrière l'écluse avec les deux kits en mains, le Millepattes "rame" en direction du débarcadère afin de sortir de l'eau au plus vite et de rectifier sa tenue, ma foi un peu tard!

C'est avec quelques litres d'eau bien fraîche embarquée dans ses pantalons que le Myriapode retourne en arrière afin de récupérer les deux kits, pendant que Séb se démène à son tour dans l'étroit passage aquatique!

C'est bien rafraîchi, mais avec les jambes un peu lourdes que Millepattes termine la Polaire pour rejoindre la piscine des Fruits défendus ou un bon nettoyage permet de se débarrasser de notre carapace de glaise collante!

Le reste de la progression se fait presque sur les chapeaux de roues afin de récupérer quelques calories et rejoindre le carnet ou l’heure de sortie inscrite sera 18.30 h.

Qu’il est agréable pour une fois, de retrouver la douceur de ce début d’automne, pour se rechanger et surtout enfiler des vêtements secs!

Après le service de parc obligatoire et une bonne douche chaude, le Myriapode rejoint son collègue Ballaigui pour sceller la topo effectuée autour d’une bonne table! Le Millepattes.