Lorsque la voiture s’est immobilisée devant la maison de Sébastien, à 06h15 précises, il faisait encore nuit. Ce dernier était prêt, pour une nouvelle journée d’exploration au pays des Fées.

Surtout par tradition, et parce que ça fait aussi bien plaisir, les deux compères se sont arrêtés au tea-room du coin, pour deux bons cafés. C’est là que le téléphone mobile retentit et affiche l’indication d’un nouveau message de notre collègue Millepattes. Il a souhaité rester sur Terre cette fois-ci, et lance le doute au duo :

- Ugh, c’est la roille ce matin ! Etes-vous sûrs de vouloir vous jeter dans ce trou ?!

Bien sûr que nous avions remarqué que la météo n’était pas forcément au beau. Dans l’immédiat, c’était plutôt le problème du changement de tenue qui nous gênait. En effet, il est plus simple de se préparer au sec. Aussi, après quelques messages supplémentaires, nous nous retrouvions sous la terrasse couverte, chez le Millepattes !

Arrivés au parc des Follatons, il ne nous restait plus que de sauter dans le trou !

Objectifs de la sortie :

  • Topographie d’un méandre, depuis le Terminal
  • Topographie de la Galerie de Noël (suite)

Nous descendons les 150m. de puits, enchaînons avec le passage de la boîte aux lettres, la galerie du Graal et, quelques instants plus tard, le duo se trouve dans la galerie des Epées pour un brin de toilette. Puis, la question tombe :

- Au fait, quelle heure est-il ? - Ah, tu n’as pas de montre non plus ?!

Le décor est posé… nous devions donc faire confiance à notre instinct pour assurer une rentrée à des heures acceptables. Et, ce n’est pas chose évidente : sous terre, les heures s’écoulent de façon différente, plus longues ou plus courtes selon les personnes, les humeurs, les activités (qui souvent riment avec température !).

Nous nous dirigeons vers le Terminal, et durant la progression, nous profitons de nommer les différents endroits, indiquons les passages clés et expliquons la formation de tel ou tel endroit. Cela est bien utile pour Sébastien, qui a toujours quelques soucis d’orientation dans le réseau (cf sortie du 12 septembre 2009).

Arrivé au Terminal, Pierre profite de visiter le début d’un méandre qui reste à topographier : un boulot pour Sébastien et Millepattes !

Puis, nous décidons qu’il est temps de manger un morceau, avant d’attaquer les travaux ! Les 9 heures, semble-t-il…

Après quoi, les deux compères s’attaquent à la topographie du fameux méandre, but de la journée. Pierre attaque les premières mesures et débute le dessin « Toujours à l’échelle ! », mais il transmet ensuite la plaque topo à Sébastien. Ce dernier se retrouve en position de disciple pour poursuivre la cartographie, sous les yeux experts de Pierre. C’est l’occasion d’apprendre et de comprendre des choses intéressantes, d’autant plus que ce méandre est un joli cas d’école !

Le méandre est bien propret, comme il faut, et permet la topographie dans de bonnes conditions. Du moins, au début… puis les choses se gâtent, il devient boueux, et de plus en plus périlleux… jusqu’à infliger à l’apprenti topographe, une opposition à 5-6 mètres de hauteur, dans une glaise bien glissante, plaque topo sur le devant, avec en cas de chute, de quoi se raboter le museau avant de tomber dans un lac peu ragoûtant ! (avec des sables mouvants, disait-il!)



Extrait Topo

Et là… une voix se fait entendre, sourire aux lèvres :

- « Beau métier, Spéléo ! »

Pour seule réponse, on entendra un grognement … teinté de concentration, pour éviter tout faux pas !

Arrivé au bout du méandre, une étroiture laissera Sébastien derrière, et Pierre terminera la topo du méandre. De l’autre côté, on entendait des bruits de frottement : la combi PVC glissait mal contre le rocher… avec les murmures obligés d’un spéléologue devant ramper avec le matériel topo et parlant à un disto-X peu bavard.

Puis soudain :

- « M_ _ _ _ ! J’ai jonctionné ! »

En effet, Pierre est tombé sur les traces de bottes dans la glaise ! Sans aucun doute, les empreintes de Joël et Christian qui se sont chargés de la topo du méandre Pinpin (amont) ! Il termine le croquis et laisse une surprise à nos collègues avant de me retrouver.

Cette jonction est bien intéressante ! Elle prouve que ce méandre joue le rôle de perte et d’évacuation des eaux du Terminal. Ainsi, la glaise trouve donc son explication ! Lorsque le Terminal se met en charge, les eaux s’engouffrent dans ce méandre et le niveau du méandre Pinpin monte, coupant potentiellement la retraite des explorateurs, en empêchant de rejoindre la galerie du Graal !

Une fois la constatation faite, nous revenons sur nos pas, jusqu’au Terminal. Notre estomac crie famine et nous attaquons un repas frugal. Plus tard, nous apprendrons que nous avons mangé notre pic-nic à …16 heures ! Durant notre pause de midi (tu parles!) nous remarquons que le débit d’eau a triplé, au fond du Terminal. Sans aucun doute, il s’agit des précipitations de la matinée, qui arrivent à nous !

Dès lors, nous abandonnons notre idée de topographie de la galerie de Noël, se doutant qu’il devait déjà être tard. Après avoir rangé le matériel en lieu sûr, nous rebroussons chemin, via la galerie Merlin, la jonction Merlin-Pinpin et la galerie du Graal.

La looooongue remontée des puits effectuée, nous retrouvons la lumière vers 18h00, après 10 heures passées aux pays des Fées. Après l’apéro chez le Millepattes, c’est le souper au bistro du coin qui terminera notre belle journée !