Sitôt Pierre informé, la sortie s'organise. Sébastien sera également de la partie, ce ne sera pas de trop pour trimballer tous le matos nécessaire à tenter d'escalader la cheminée Peary, située pratiquement au point le plus extrême de cette partie du réseau.

Nous nous retrouvons tous les trois dès 09h30 au parc du Reposoir, afin de s'équiper pour une nouvelle aventure au frais !

Dans sa sous combinaison Néoprène, Seb la rote un peu question chaleur ! Millepattes, lui, transpire de toute façon dès qu'il est en combi étanche, et seul Pierre reste frais comme un gardon !

Une fois la porte franchie, le trio se retrouve à l'autre extrémité du Napomètre pour remplir le carnet de présence, il est 10h30. La caravane s'ébranle en direction des Princes Charmés, où l'on ne rencontre plus la moindre flaque d'eau sur le parcours. Quelques efforts pour ramper dans la Souricière et gravir le passage de L'Au-delà, ensuite de quoi on peut se redresser avant d'arriver à la salle du Miroir des Fées, où le traditionnel petit arrêt « récup » est apprécié, surtout par Seb qui est en nage !



L’équipe poursuit le long de la grande faille qui nous accompagne jusqu'à la salle des Intestins, où à l'occasion d'un petit arrêt, Pierre explique qu’à l’époque, c’est à cet endroit que l'on enfilait la combi étanche pour la suite de la promenade...

Nouveau départ, pour atteindre le point bas ; parfois agrémenté d'un petit bassin, mais aujourd'hui complètement à sec, où la galerie se divise en deux pour filer à gauche en direction des Fruits Défendus, ou à droite pour remonter la Polaire, qui, en fait, file droit au nord, d'où son nom.

Après avoir remonté le toboggan de glaise où il faut enclencher l'antipatinage, nous rencontrons le premier lac. Là, Seb ne manque pas de s'allonger grassement ! A-t-il glissé sur l'argile ou était-ce volontaire pour refroidir une mécanique en surchauffe ? Lui seul le sait !

La suite, ce n’est pas joli-joli ! Boueux à souhait, les bottes font ventouses et il faut faire gaffe qu'elles restent aux pieds à chaque nouveau pas. Enfin, arrivée au puits Canon où une étroiture donne accès à un ressaut de 4 mètres équipé d'une échelle souple, ensuite c'est de nouveau la coulisse de boue qui mène au fameux siphon équipé d'une poire de contact, qui permet de vérifier le passage depuis l'entrée. Le niveau est très bas et le passage facilité, par contre, le courant d'air devient violent et commence à nous fouetter le visage ; la clim est à fond !

Un peu plus en avant, nous admirons le ressaut Guillaume Tell avec sa magnifique pomme de calcite suspendue à une fistuleuse, pièce unique dans le secteur, hormis sa petite sœur, dans un méandre un peu plus en amont.

Le Passage de L'Ecluse n'est pas vraiment un cadeau pour ceux qui sont un peu plus carrés que Pierre ; heureusement qu'une petite échelle sous l'eau permet d'avoir quelques prises pour s'élever dans cette lisse étroiture semi-verticale !

Un peu plus loin, la remontée Spiderglaise permet de faire un peu de musculation… En effet, l'espace n'est pas suffisant pour plier les genoux et prendre appui sur les pachons de l'échelle souple, il faut donc se hisser à la force des biceps sur une partie de l'escalade afin de remonter un bout le long de la faille qui aboutit, cette fois, au carrefour de l'Hexagal, d'où partent six galeries qui rayonnent tout autour !

Nous continuons à grimper dans le même axe pour arriver dans la salle Dubloc, et plus loin la salle Dupuits, où nous laissons à notre droite le départ de la galerie Espoir, pour poursuivre tout droit en direction de la cheminée Peary, but de l'expédition.

Avant destination, petit break à la salle Cristal qui recèle de magnifiques fistuleuses transparentes, d'où son nom.

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Retour sur quelques mètres et franchissement d'un vide qui nous sépare de la base de la cheminée Peary, haute de 43 mètres, où nous nous installons pour la pause pic-nic bien méritée !



Ensuite, une fois rassasiés, Pierre s'équipe pour l'escalade et cherche le meilleur endroit pour attaquer l'ascension. La paroi à l’aplomb du méandre à atteindre n'étant pas de bonne qualité, finalement c'est à l’opposé qu'il faut attaquer afin d'atteindre une vire qui nous permettra de rejoindre la base d'un méandre, qui semble partir à une dizaine de mètre en-dessus de nous.

Pierre ayant trouvé le bon départ, Seb s'occupe de l'assurage pendant que Millepattes prends quelques images souvenirs de l'aventure !

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10 ancrages plus tard, Pierre parvient au départ du méandre, c'est Millepattes qui attaque l'ascension afin de déséquiper la montée et récupérer les plaquettes et dégaines qui ne sont plus nécessaires une fois que l'on dispose d’un double amarrage au départ.

Nous déroulons une échelle de 10 mètre pour que Seb puisse nous rejoindre sur notre balcon improvisé, et à lui l'honneur d'aller voir la suite tant espérée !

Millepattes lui aide à franchir un ressaut de 2 mètres, mais malheureusement, au-delà il ne s'agit apparemment que d'une ancienne faille totalement comblée de calcite. La seule échappée possible serait, à la condition que la faille ne pince pas, 22 mètres au-dessus de nous. Mai là, vu l'état décrépi des parois, nous n'allons pas poursuivre l'ascension dans ces conditions ; cela d'autant plus que nous ne détectons pas de courant d'air dans la galerie d'accès à cette cheminée.

Pierre relève la topo des lieux, dont le développement total atteint 19 mètres, dont 7 mètres et des poussières sur le plan horizontal, donc pas de grande première pour ce jour, mais au moins de quoi être fixé sur ce semblant de départ qui nous narguait depuis la base de cette cheminée !

Il est donc l'heure du retour. Seb et Millepattes s'échangent l'unique descendeur embarqué, puis Pierre nous rejoint en rappel avant de récupérer la corde mis en double.



Une fois le trio rassemblé au fond de la cheminée, c'est le repli de tout le matériel engagé et la répartition de tout cela dans les trois kits bien bourrés (les kits hein, par les gars, nous n'avons pas abusé du thé à la mirabelle du Millepattes !)…

Le retour peut ainsi démarrer, la mission étant accomplie... Au passage à côté du petit puits de la salle Dupuits (!), Pierre propose d'aller voir le départ de la galerie Espoir qui, après un bon ramping, débouche sur un nouveau puits encore inexploré... La suggestion de Pierre à au moins l'avantage d'être très explicite, dans le cas où une fois ou l'autre, Seb et le Millepattes ne sauraient quoi attaquer pour occuper un samedi !

La caravane repart en direction de la sortie, retraverse l’Hexagal, où cette fois Seb peut admirer au passage la petite soeur de la pomme Guillaume Tell et reprendre la route en direction de Spiderglaise. Ici, la descente demande moins d'effort qu'à l'aller, mais la prudence s'impose car un gros bloc de rocher à la base est toujours prêt à réceptionner l'imprudent qui lâcherai l'échelle un peu trop prématurément !

Ensuite, le Millepattes en tête, parvient au fameux passage de l’Ecluse, et c'est là que les choses se compliquent ! En s'engageant face à la paroi gauche, alors qu'il est monté face à la paroi droite, le Myriapode na pas réalisé qu'il faut toujours repasser dans la même position qu'à l'aller ! Il s'est alors retrouvé beau coincé dans cette sorte d'étau, le niais, les jambes complètement immergées dans le jus, mais ne touchant pas le fond, donc pédalant dans la semoule ! Le corps étant coincé au niveau du thorax car la fissure pince contre le bas et le haut du corps obstrue presque complètement la galerie à son point le plus étroit, ce qui fait que le puissant courant d'air n'a que très peu d'espace pour passer et se transforme alors en véritable furie, sifflant avec rage aux oreilles du Millepattes. Il se débat toujours comme un beau diable, et réalise que, restant pris à cet endroit, le corps à moitié immergé et le reste dans une tornade d'enfer à 5 petits degrés, il ne va pas faire long feu avant l'hypothermie !...
Bien sûr, il n'y a aucune prise au plafond pour se soulever, et seul Seb semble avoir pris conscience de la délicate situation !

Finalement, au prix de multiples contorsions, Millepattes parvient enfin à accrocher du talon un pachon de l'échelle sous-marine qui lui permettra enfin de se soulever la moindre afin de se desserrer de l'étau qui l'emprisonnait. Il trouve enfin à quelques petits centimètres de là, le seul passage qui lui permettra enfin de repasser l'étroiture et de poursuivre loin de l'Ecluse.
A cet instant, le bain forcé semble un réel instant de bonheur ! Il serait presque un peu déplacé d'affirmer qu'il a eu chaud !

La suite se poursuit normalement, le Puits Canon se franchi sans autre problème, puis, l'équipe se retrouve au lac des Fruits défendus, qui se résume à un jacuzzi, pour faire un brin de toilette bien méritée ; l'eau cristalline du début ne tarde évidemment pas à se transformer en une vasque grise et douteuse qui retrouvera sa limpidité après quelques jours de calme.

Reluisant de propreté, le trio repart pour la dernière ligne droite... Fatigué, le Millepattes se goure au détour d'un couloir, et les deux "crapauds" en profitent de passer devant sans mot dire ! Il les rejoindra un peu plus loin, et là, c'est Seb qui s'enfonce dans un cul de sac !... Trop bon, le Millepattes lui indique la bonne direction avant qu'il ne se fatigue pour rien ! Peu après, nous nous retrouvons à la salle du Miroir des Fées pour une dernière séance photos et une petite golée avant l'ultime effort pour retrouver la sortie.

Parvenu au carnet de présence il est 17h45 ; la sortie a donc duré un peu plus de 7 heures, mais pour le Millepattes, elle était quand même assez physique !

Et finalement, une fois rechangés, les trois compères se retrouvent tout naturellement chez le Millepattes, pour un apéro bien mérité !