En effet, Claude-Alain, Maurice, Millepattes, Pierre, Rémy et Sébastien s'équipent dare-dare dès 9 heures 30 pour une nouvelle traversée des Follatons aux Fées... Quelques orages étant annoncés dès la mi-journée, il vaut mieux ne pas trop s'attarder pour le départ !

Sitôt l'équipe prête, tout ce petit monde s'entasse avec paquetage complet dans le monospace du Millepattes, afin de monter au parc des Follatons, situé plus amont dans le vallon.

Une fois en haut, le reste du chemin se fait à pédibus, histoire de se chauffer un peu la musculature avant le grand plongeon vers les fraîcheurs éternelles !

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Pierre équipe le départ pendant que l'on réparti les équipiers en fonction de leur expérience et de leur connaissance ou pas du trou ; ce qui est le cas pour deux d'entre-nous. Millepattes, quant à lui, fera la voiture-balai ! En effet, si au pire il se fait "poser", il ne risque pas de se perdre dans le dédale des puits, ayant en quelque sorte "enfanté" ce parcours l'année dernière en compagnie de Pierre, qui ouvre la marche !

La descente démarre donc dans la joie de quitter cette ambiance tropicale due à la chaleur et aux nombreuses averses orageuses de ces derniers jours !

Tout se passe bien le long des différents puits ; quelques bouchons inévitables se produisent aux rétrécissements, vu le nombre de participants, mais dès le puits de la Cathédrale, l'effet accordéon se fait sentir vu que, quand le Millepattes arrive au fond, il se retrouve tout seul ! C'est précisément pour cela qu'il vaut mieux connaître la cavité quand on ferme la marche, car le pauvre touriste qui atterrit là risque bien de tourner en rond un sacré moment avant de trouver la suite du parcours sous la grosse trémie qui occupe tout le fond de la salle !

Le méandre Blanche Glaise ne s'est pas du tout "approprié" depuis notre dernière visite ; en effet, l'absence de crue printanière a fait que les Follatons n'ont pas eu la possibilité de laver ce passage à grande eau ! Le Millepattes, qui a du dé-mousquetoner son kit et sa musette étanche pour passer le méandre, a omis de les accrocher à nouveau au moment de passer son descendeur à la corde du puits de la Peur, et de ce fait, ils ont bien risqués d'aller rejoindre les copains en bas, bien plus vite que leur propriétaire ! Pas sûr que ceux-ci auraient apprécié le cadeau tombé de la lucarne ! Heureusement, les deux colis étant reliés l'un à l'autre par une cordelette, le réflexe de bloquer du pied la musette, a stoppé la dévalée juste à temps !

Tous les puits étant franchis, l'on peut se déséquiper du matériel vertical et le fourrer dans le kit avant de poursuivre par le passage de la Boîte aux lettres et des ressauts qui lui font suite.

Un rassemblement s'opère à la hauteur de la perte de la rivière Changelin, pour s'assurer que personne ne s'est fait engloutir par le lac boueux du virage à 90 degrés, et la troupe repart dans la galerie du Graal, qui se transforme facilement en galerie de la "Graille" sur les derniers 20 mètres en raison de la boue et de l'eau qui se plaisent à stagner à cet endroit en raison d'une fâcheuse contre-pente terminale.

Une fois parvenue au méandre Pinpin, la petite troupe part un bout en aval afin de faire un brin de toilette à la jonction avec la galerie des Epées, où l'eau abonde dans les nombreux lacs qui la jalonnent.

Après une petite visite des lieux, où Maurice a heureusement rétablit une glissade qui aurait pu mal se terminer en raison du sol fortement déchiqueté à cet endroit, la colonne se dirige maintenant en direction du Terminal, via le méandre Pinpin, la cheminée Merlin-Pinpin et l'amont de Merlin ; tout un Saint-Frusquin !

En débouchant au Terminal, nos deux nouveaux visiteurs sont impressionnés par le volume de la galerie des Errants et la couche d'argile sèche qui recouvre tous les "méga-blocs" qui jalonnent cette galerie, démontrant qu'en cas de forte crue tout cet endroit se noie sous 20 mètres d'eau !

Un aller-retour à la salle du Col permet d'admirer la hauteur impressionnante de l'endroit et de tester la puissance de l’éclairage de Rémy et de la torche led du Millepattes, développant 630 lumens à pleine puissance, ce qui n'est pas rien et met en valeur ces immenses volumes admirables et ses innombrables gouttes d'eau qui mettent plusieurs secondes pour choir du plafond jusqu’à nos pieds !

Ensuite, retour au Terminal pour récupérer les sacs au passage et franchir la compliquée galerie des Errants qui, comme son nom l'indique, n'est pas des plus simple pour retrouver le bon chemin. Heureusement, un cheminement commence à se marquer au sol et la présence de quelques agrès dans les passages délicats permettent de confirmer que l'on est sur la bonne route ! Petit arrêt au Déversoir pour s'assurer que le Millepattes avait toujours l'azimut nord en tête (après vérification sur la topo, c'était bien le cas !), et nous enfilons l'aval de la galerie de Noël à 4 pattes (à six, ca fait tout de même 24 pattes !)

Une fois franchi la salle des Pertes, nous escaladons un ressaut de plusieurs mètres pour déboucher au bas de la magnifique salle Jurassique qui se perd quasiment dans les ténèbres, et qui est superbement concrétionnée, puis nous poursuivons par la galerie Millefeuilles, où les recommandations d'usage de Pierre au sujet de la solidité du plafond son répétées question sécurité, alors que Millepattes sent son estomac commencer à réclamer sa pitance !

Une fois franchi l'endroit critique, la petite troupe débouche dans la galerie des Titans, où certains en reste bouche bée ! En effet, de telles cathédrales là sous les forêts du Crêt-Cantin, qui aurait pu l'imaginer il y a seulement quelques années ?

Après avoir traversé cet immense boulevard, nous descendons vers un passage bas recoupant la salle Pentue, suivit d'un nouveau passage bas rejoignant la salle du Dôme, où nous allons faire la pause pic-nic au bivouac.

Les diverses gâteries avalées, nous nous rechangeons afin de passer les combinaisons étanches qui deviendront utiles à 50 mètres de là.

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Au moment de redescendre le dôme de sédiments qui a donné son nom à cette salle, nous sommes en admiration devant la paroi nord de la salle, entièrement polie est cupulée par d'impressionnantes remontées d'eau qui prouvent à quel point cet endroit devait être dantesque à une lointaine époque où les plus violentes crues, probablement à la fin des glaciations, devaient représenter 10 ou 20 fois les plus fortes crues que nous connaissons depuis l'époque des premières mesures ! Non, le Millepattes n'a pas passé par Marseille, mais il faut imaginer par exemple à la fin du Würm, lorsque le climat se réchauffait et que le glacier Jurassien reculait, le paysage d'alors était entièrement minéral ; pas un arbre, pas un brin d'herbe ou de terre qui fasse tampon, que de la roche lisse est des restes de glaces vives. Alors imaginez un orage du tonnerre de Zeus sur un sol totalement nu et lisse comme une peau de bébé ! C'est pratiquement des furies comme le Rhône à la fonte des neiges qui devaient s'engouffrer dans toutes les pertes et entonnoirs que l'on essaye de retrouver à la surface !

En ces temps reculés, il ne devait pas faire bon traîner dans ces vastes collecteurs ! Et qui sait ? Nos Ursus Spelaeus se sont-ils faits piéger par un printemps précoce ?!

Aucun de nous n'a envie d'en faire l'expérience et comme le temps passe, nous mettons le cap sur la sortie aval des Fées, ayant quelques doutes sur la météo incertaine de ces jours !

Le lac Victory franchi, nous enfilons la galerie Challenger, longue et régulière de profil. Passé la salle des Bougies, puis celle des Chandelles, nous arrivons dans la galerie des Pharaons, toute en hauteur et bien sculptée avec un beau plan d'eau en son fond.

Puis viennent la salle de la Reine, la Gulliver, puis la salle des Rois, ensuite, se présente la carrière Khéops où le Millepattes annonce le début des réjouissances à Seb, qui se prépare gentiment à goûter aux joies profondes de la spéléo !

Une fois l'étroiture passée et la salle de l'Epouvantail franchie, un clin d'oeil à la cheminée des Vacanciers et voilà la célèbre carrière Egyptienne ! Comme par hasard, c'est la dislocation ici ! Les plus minces suivent les kits par le « passe-plat », tandis que les autres préfèrent se laisser glisser dans la faille et contourner l'obstacle par en-dessous !

Une fois tout le monde et le matos rassemblés au départ de la galerie des Géants, la colonne se remet en marche jusqu'au puits de départ du méandre Carabosse, où les plus téméraires désescaladent le petit puits afin d'aller admirer le « Bénitier », magnifique demi-coque de mince calcite suspendue à un mètre du sol est remplie d'eau limpide !

Après être remonté dans la galerie des Géants, nous redémarrons vers l'aval afin de rejoindre Claudal et Maurice qui ont pris un peu d'avance pour rejoindre la non moins célèbre rivière Blizzard !

A cet endroit également, le Millepattes est nommé "voiture-balai" afin d'assurer les arrières d'une progression assez fastidieuse où les grommelages de Seb parviennent aux antennes du Millepattes, qui ne peut que l'encourager en lui assurant que de toute façon ça ne peut que s'élargir plus en aval !

Les Pénitents passé, le passage prend la forme d'un méandre étroit où la progression "à l'égyptienne" est de rigueur dans un bon mètre d'eau ! Plus loin la faille s'élargit vers le haut, tandis que le bas devient inaccessible aux pieds, car trop profond ! Seb ayant de la peine pour avancer uniquement à la force des bras en poussant le kit, Millepattes lui lance pour détendre l'atmosphère :

« Ecarte les fesses pour ne pas glisser au fond ! »

Cela a du lui redonner un peu de courage, car il semble que cela avance un peu plus vite dès lors !

Les 140 premiers mètres enfin franchis, c'est le début de la voie rapide et là, c'est le Millepattes qui teste la voie de dépassement par en-dessous et double à la fois Seb et Rémy. Puis tout le monde se retrouve à la sortie du méandre, remontant à 4 pattes la rampe Jeanne d'Arc, pour boire un petit coup au bas du puits de l'Ours !

Ensuite de quoi, la Joker est une simple formalité, la balade se poursuit par la galerie des Petits Lutins. Le Chaudron est pratiquement sec et le Métro permet de se reposer un peu en marchant debout...

Le lac des Fruits défendus est le bienvenu pour faire un brin de toilette, il a retrouvé son niveau normal depuis les orages de la semaine dernière. Peu après le dit lac, Seb revient en arrière s'annonçant perdu, ayant failli s'enfiler en direction de la Polaire !

Ah ! La fatigue commence à faire son oeuvre se dit le Millepattes, en le remettant sur le bon chemin !

Effectivement, peu après la salle des Intestins, au début de la galerie du Cadeau d'anniversaire, le voilà-t-il pas qu'il s'enfile exactement dans le même trou que la dernière fois, lorsque l'on a fait la sortie à la cheminée Peary !

Cela rappelle au Millepattes ses débuts dans le réseau, où il faisait également les mêmes erreurs, le tracé n'étant pas visible suivant le genre de sol où l'on chemine et le plan du réseau ne peut s'imprimer dans la mémoire d'un nouvel explorateur aussi vite que dans un fichier informatique !

La Souricière passée, la galerie des Princes charmés et rapidement consommée et la porte se présente. Heureusement que Claudal et Pierre avaient leurs clés, car c'est le "petit" détail que le Myriapode a oublié de prendre avec ce matin ; mais il s'en est tout de même inquiété auprès de ses collègues avant de pénétrer par les Follatons ! Car se taper la traversée et être bloqué devant la porte de sortie ne doit pas être une expérience agréable, et sûr que le Millepattes y aurait perdu une ou deux antennes, puisque les cheveux c'est joliment déjà fait !

En approchant la sortie de la grotte, la voûte dégouline de grosses gouttes sur le passage, il semble que la pluie doit bien avoir arrosé la région. Et effectivement, parvenus au porche nous pouvons constater que le temps est tout gris, les arbres ruisselants et du brouillard traîne même au fond du vallon, nous ignorons à ce moment quelle quantité d'eau il est tombé, mais nous nous sentons soulagés d'être dehors !

Une fois la petite troupe rechangée et la voiture du Millepattes récupérée, nous nous retrouvons sur Vallorbe pour un repas bien mérité.

Le Millepattes.