Par un temps d'azur, une fois équipés du paquetage complet et chargés comme des mulets, nous attaquons gaillardement la montée avant de nous glisser le long du sentier dans les sous-bois, pour parvenir aux abords du trou encore bien protégé depuis l'automne par une couverture de branches de sapin.

Dès l'entrée, cela se présente propre et sec, pas surprenant si l'on se réfère au climat de sécheresse qui règne dans la région depuis le début de la fonte des neiges !

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Pierre équipe de neuf dès le départ, vu que l'on a 2 kits de corde nickel que l'on vient de lover dans nos sacs et un troisième pour la subsistance !

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Arrivé au bas du puits Cayenne, Pierre poursuit l'équipement en direction du puits de la Douche et Millepattes ravale l'ancienne corde trop courte, surnommée "Corde du Coccyx", en raison d'un mauvais souvenir de notre ami Bernard lors de la première traversée des Fées, l'automne dernier !

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Au départ du puits de la Douche, Pierre est surpris par l'instabilité qui règne en ce lieu suite au changement climatique que le gouffre a subi depuis sa désobstruction. En effet, auparavant il n'a jamais régné de telles froidures et de tels courant d'air en hiver, ce qui a déstabilisé de nombreux et puissants blocs qu’il s'empresse d'envoyer par le fond avant de laisser filer la nouvelle corde ! Les impacts sourds de blocs de plus de 80 kg nous parviennent en faisant vibrer toute la cavité sous nos pieds, et cette fois, l'entrée du puits devient large comme un boulevard !

Quelques mètres en contrebas du goulot, Pierre se propose d'ajouter un fractionnement supplémentaire afin de placer la corde en dehors de la cascade qui peut se déverser à cet endroit, en cas de fortes précipitations. Millepattes, suspendu à ses longes en tête de puits ne peut qu'approuver la décision, et tente quelques photos pour se distraire ad-intérim...

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Quant à l'ancienne corde, celle-ci est ramenée sur la plate forme entre les deux puits, dans l'attente de notre remontée.

Nous nous retrouvons bientôt au bas du puits et constatons que le fond de celui-ci est remonté d'un bon mètre, suite à tous les gravats que le dégel a précipité au fond, dont des tonnes de mondmilch qui s'est détaché des parois. Millepattes se dit que lorsque les puits se remettront à couler cela risque de faire une belle bauge là au fond, au risque même d'obstruer la perte où l'eau s'évacuait jusqu'ici, pour remplir le fond de la petite salle jusqu'au niveau de la faille, par où l'on se glisse pour la suite de la descente. L'avenir dira s’il faudra les bottes de pêcheur pour franchir l'obstacle !

Sitôt passé cette faille, Pierre constate que deux draperies d'environ deux mètres se sont également abattue depuis l'hiver et sont couchée un peu plus bas ! Mince, il y a vraiment eu bal au château ce printemps chez nos Follatons !...

Une fois au départ du Goulet des Aveugles, c'est la pause pic-nic ; pierre s'installe dans la petite niche et Millepattes se contente, non sans s'être assuré, du marchepied séparant le goulet des Aveugles et l'ancien P30 abandonné l'année dernière après son exploration et un essai de désobstruction vers le fond. Le repas avalé, Pierre s'attaque au fameux goulet des Aveugles et du P37 qui lui fait suite ; ici le courant d'air hivernal n’a malheureusement pas élargi le passage et il faudra se contorsionner comme au bon vieux temps, les parois étant toutes constituées de bonne calcite bien dure !

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Millepattes ravale l’ancienne corde au fur est à mesure que Pierre libère les amarrages, tout en tentant frénétiquement de défaire les noeuds... Les premiers ça va encore, car ils n'ont pas été excessivement sollicités, mais au fur et à mesure que la corde remonte les noeuds sont vraiment tendus comme des cordes de piano, vu le nombre de visiteurs qui se sont pendus à cette corde depuis un an. Finalement, vu l'impossibilité de détendre ces boucles à mains nues, tout cela étant bien englué de glaise pour agrémenter le tout, Millepattes est obligé de reporter le dénouage a plus tard.

Une fois la totalité de cette corde ravalée, environ 65 mètres, Pierre me propose de le rejoindre. Je me glisse joyeusement le long de cette belle corde neuve et propre, un vrai plaisir. Les fractionnements avec du matos rutilant et sec, c'est facile et rapide ! Parvenu a mi-hauteur où les parois se rapprochent, je constate que Pierre a modifié l’équipement, avec cette fois un superbe amarrage en Y. Cela permet maintenant d'avoir les pieds calés en opposition pour changer de corde, à la place de l'ancien montage plein gaz d'origine, c’est du grand luxe...

Une fois en bas, je retrouve Pierre au-dessus du puits de la Cathédrale qui me fait :

- Alors, ca joue ?
- Impeccable !
- Ben c'est tout bon, tu peux remonter !
- !!!


Je ne pense pas avoir passé plus de trois minutes au fond, tu parles d'un aller-retour !

J'attaque donc la remontée avec le kit de la perceuse et retrouve le beau fractionnement tout neuf ; le passage en montant est un peu plus technique puisque l'on se trouve maintenant en dessous des marchepieds naturels, mais il se passe « en aérien » comme auparavant et n'augmente ainsi pas la difficulté.

Le goulet terminal se fait comme d'habitude à petits coups de bloqueurs et cela devient une telle routine que je continue le long de la corde sans me rendre compte que je suis déjà hors de l'étroiture et que j'aurais déjà pu prendre appui au sol avant !

Les autres puits s'enchaînent tranquillement avec toujours un peu plus de corde à remonter derrière soi, plus une pauvre grenouille à prendre en charge depuis la plateforme en-dessus du puits de la Douche !

Une fois dehors, je prends immédiatement soin de ma B.A. et vais relâcher cette brave petite bête à la grande gouille du chemin tout proche, où elle s'empresse de se cacher sous la vase, morte de trouille !

Nous regagnons nos véhicules aussi chargés qu'a l'aller et allons faire notre service de parc au bord de l'Orbe, où quelques touristes avaient l'air de se demander à quelles barbotages nous nous adonnions avec tant d'ardeur !

Une fois nos affaires lavées et parfumées d'une vague odeur de marée, nous décidons de faire un bond en simple touriste jusqu'à la porte des Fées, afin de contrôler à l'ohmmètre l’état du siphon de la galerie Polaire. L’appareil nous indique que la voie est libre suite à la sécheresse printanière, et qu'une prochaine incursion dans ce secteur est donc possible, donc à prévoir dans notre programme déjà bien chargé...

La soirée se poursuit en compagnie de Bernard et Luce dans leur sympathique cabanon forestier, dominant le village de Vallorbe.