Donc, comme promis, le Millepattes armé d'un gros merlin et d'un tube métallique une taille en dessus des piquets afin de faire levier, s'embarque vers les 14h30 au Crêt-Cantin, puis monte tranquillement le chemin des Follatons pour se rendre à pied d'oeuvre. Les feuillus se sont bien redressés avec la disparition de la neige de la dernière fois !

Arrivé sur place, je démonte soigneusement chacun des trois fils de fer et les enroules séparément. Ensuite, il est temps de s'attaquer aux piquets. Alors là, fini les vacances ! En effet, les constructeurs du 21 juin n'avaient pas lésiné ! Pour cinq des six piquets, ils avaient percé la roche en place et planté les pieux à la masse... Pour sûr, ils n'allaient pas partir tout seul ! Le Millepattes a eu beau essayer de taper à coup de merlin contre la base en tous sens, impossible d'ébranler la roche en place ! Finalement, c'est grâce au tube de rallonge qu'il a été possible de plier les pieux à 90 degrés et de les faire tourner suffisamment sur eux-mêmes pour les extraire de leur fourreau de calcaire...

Pour le dernier de la série, ce fut encore une autre histoire ! En effet, étant posé dans l'éboulis de la base du talus, celui-ci a été scellé dans du bon béton, brassé avec amour ! Pas moyen d'appliquer la même technique que les précédents, le métal refusant de se désolidariser de sa gangue de béton !

Seule solution, puisqu'il n'y a pas de treuil sous la main ! Secouer vigoureusement le tout avec persévérance jusqu'à ce que l'ensemble finisse par bien vouloir sortir du trou béant ! Quant enfin le colis sort du pierrier et roule sur la terrasse, ce n'est pas fini pour autant… En effet, il s'agit maintenant de briser ce socle de béton car je n'ai vraiment pas envie de devoir charrier ce dernier jusqu'au parc à véhicules !

Il en a fallut des coups de masse… mon dos a été vraiment bien aimable de ne pas me rappeler à l'ordre durant cette comédie ! Le pieu devenant même menaçant pour mon portrait à chaque coup, je décidai de le passer dans la boucle de la corde qui équipe le puits Cayenne afin de lui bloquer toute tentative de rébellion à chaque coup de merlin !

Finalement, le socle commença à se fissurer et à éclater en morceaux, dont le trou dans le remblai fut juste assez grand pour en accueillir tous les éclats et recouvrir le tout de terre et pierres naturelles et afin de ne laisser aucune trace de cette construction éphémère.



Comme il est 16 heures, je décide de faire un voyage vers les véhicules afin de ramener l'outillage et de revenir sur place pour embarquer le matos et attendre les copains qui sont censé sortir vers les 17 heures.

C'est au terme de cet aller-retour que mon nerf sciatique se rappelle à mes bons souvenirs… Après les singeries que je viens de faire, le contraire m'aurait étonné ! Je vais me laver les mains dans une gouille un peu plus loin, bois un coup et attend un moment. Puis, vers 16h50, il me semble percevoir quelques sons caractéristiques ; pour m'en assurer, je descends l'entrée du gouffre au bas de l'échelle, afin de ne pas être gêné par les bruits extérieurs. En effet, quelques cliquetis et bruits étouffés de kits malmenés m'informent que les deux aventuriers sont en phase d'approche !

Un cri : Corde libre, répété aussitôt par une voie plus lointaine m'indiquent à ce moment que Joël doit être parvenu au fractionnement du puits de la Douche, suivit de Pierre au bas du même puits.

Quelques minutes après, je commence à voir l'éclairage de Joël qui se glisse dans l'étroit conduit qui fait suite au puits de Cayenne. Comme ils n'ont pas de montre avec eux , Jo lance à Pierre qu'il fait encore jour et annonce la corde libre avant d'attaquer le dernier puits. C'est sur ce dernier "Corde libre !" que le Millepattes lance : "Ici aussi !" afin de taquiner Jo, qui ne pensait pas être attendu à la sortie !

Quand Joël approche le haut du puits, je tente une ou deux photos qui s'avèrent sans résultat vu le paquet de vapeur qu'il dégage après tout ces efforts dans la longue remontée des puits.

Il est 17h00 tapant quand Joël fait surface, leur timing est donc parfaitement au point, même sans montre !

Une fois déséquipé est prêt à embarquer, le trio quitte les lieux pour redescendre sur Vallorbe, où un arrêt désaltérant mit un terme à cette journée.

Le Millepattes