Sont de la partie aujourd'hui : Le tandem de pointe Claudal et Pierre, votre serviteur le Millepattes (qui a retrouvé un peu de souplesse dans son dos !) et Bernard, ex…chef du Spéléo Secours Vaud !
Certes le SCC est 100% à l'honneur en ce jour, mais nous attendions un peu plus de monde pour cette première traversée ; mais ma foi, il y a eu des réticences indélogeables parmi quelques invités !

Une fois l'équipe prête, tout le monde embarque dans le véhicule du Millepattes pour se rendre au parc des Follatons afin de rallier le point de départ de l'expédition du jour…
Une petite séance photo avant de s'engouffrer, ça vaut même la peine puisque c'est rare de voir autant de monde beau comme des camions, avec ce matos neuf de chez neuf, qui certes ne le sera plus pour longtemps !

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A 10h15 Pierre se lance en bas le puits Cayenne suivi de Bernard, Millepattes et Claudal ferment la marche.
Sitôt en bas du Cayenne, j'annonce "Corde libre" à Claudal en dessus et observe Bernard en train de passer le fractio 3 mètres en dessous. Dès qu'il le franchi, je passe mon descendeur sur la corde est à ce moment j'entends le bruit caractéristique d'un kit qui tombe au sol suivi d'un gros boum, exactement comme dans le film "SPELEUS"… ou Jack chute en fin de parcours d'une descente de puits sur une corde trop courte !!!

Comme je n'ai pas entendu de jurons… je pense que Bernard a juste fait un saut un peu bruyant en arrivant en bas. J'étais loin de me douter qu'en fait il a fait exactement comme dans le film ! En effet, n'étant pas revenu sur place depuis le début juin, Bernard avait tout simplement oublié que la corde en question était effectivement un peu courte, et que depuis, pour éviter le désagrément d'avoir le descendeur bloqué sur le noeud terminal à chaque descente (ndlr – et aussi pour éviter d'entendre ronchonner le Millepattes à chaque sortie !!!), nous avions tout simplement défait le nœud en sachant qu'il faut faire attention en posant les pieds au sol avant l'auto largage du descendeur !

Et c'est avec un coccyx fortement endolori que le pauvre Bernard poursuit sa descente via le puits de la Douche ! Comme quoi, la moindre dérogation à nos règles de sécurité peut avoir de fâcheuses conséquences dès qu'un non familier des lieux s'y lance. La corde équipant ce passage sera donc remplacée à l'occasion d'une prochaine visite, nous ne pouvons en effet plus prendre le risque qu'un autre visiteur fasse une plus mauvaise chute et vienne même à rouler dans la pente menant au puits suivant !

L'incident passé, nous nous retrouvons tous les trois au départ du Goulet des Aveugles ; Pierre étant déjà engagé dans le P37.

La descente se poursuit à bon rythme et une fois franchi le célèbre méandre Blanche Glaise, nous ne tardons pas à nous retrouver tous les quatre au bas du Puits de la Peur, où nous nous déséquipons du matériel vertical que nous fourrons dans nos kits. Nous poursuivons par le passage de la Boîte aux lettres et la Rivière Changelin, suivit de la galerie du Graal, dont les 30 derniers mètres méritent toujours le surnom de "Graille" tellement elle est glissante, boueuse et encore aquatique malgré l'abaissement de près de 40 cm du niveau des bassins lors d'une récente sortie.

Nous débouchons dans le méandre Pinpin et nous nous rendons directement en à la galerie des Epées afin d'y faire un brin de toilette au moyen de brosses et de l'eau claire qui abonde dans cette grande galerie fortement sculptée ; en effet, nous ne ressemblons déjà plus beaucoup au bel ensemble "costumé" que nous avons photographié au départ !

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Une fois leur toilette effectuée, Bernard est Claudal vont faire un tour en aval afin d'admirer la beauté du site, pendant que Pierre et Millepattes éliminent les derniers souvenirs du Méandre Blanche-Glaise !...
Après quoi, c'est le départ en direction du Terminal en prenant le Méandre Pinpin, pour remonter ensuite la Cheminée Merlin-Pinpin et finir avec la Galerie Merlin, en évitant de choir dans le regard qui redonne sur le Méandre Pinpin.

Cette galerie se termine par une bonne descente d'une dizaine de mètres avec un joli bassin, puis l'on débouche dans la vaste Salle du Terminal où se rejoignent plusieurs galeries de diverses tailles.
C'est l'heure d'une pause pique-nique et boisson chaude, avant de reprendre le départ en direction de la Salle du Col, qui se présente dans une dimension bien plus importante que la précédente, surtout question hauteur ! En effet, après avoir grimpé d'une vingtaine de mètres pour parvenir au sommet du col, le plafond se trouve encore 43 mètres plus haut, soit à peine visible !

De là, nous redescendons de l'autre côté pour faire une virée dans la Galerie des Lacs qui accuse 900 mètres de longueur, mais nous nous contenterons d'en parcourir environ 150 jusqu'au passage baptisé "la Grande Fosse", sorte de grand soupirail où l'on descend d'une dizaine de mètres avant de remonter au même niveau 20 mètres plus loin. Nous nous contenterons d'en rester là pour aujourd'hui si l'on veut respecter le timing, alors retour en arrière, via la salle du col et le Terminal.

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Nous poursuivons avec les "montagnes russes" de la galerie des Errants ! En effet, cette galerie est encombrée d'énormes blocs qu'il faut contourner tantôt en passant dessus, tantôt en se glissant dessous par d'étroites lucarnes, donc nous ne faisons que monter-descendre sur une cinquantaine de mètres avant d'arriver au bout par une bonne montée sur une pente de sédiments.

Nous parvenons alors à la salle du Déversoir qui recoupe la Galerie de Noël, que nous poursuivons en amont jusqu'au terminus actuel des explorations, avant de redescendre sur la partie aval où nous pouvons admirer de magnifiques dépôts d'argile varvés, qui font penser à la tranche d'énormes livres dont nous aimerions pouvoir ouvrir les milliers de pages qui nous raconteraient l'histoire de la grotte depuis l'émersion du Jura il y a quelque 7 millions d'années !

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Après une petite escalade un peu glissante, nous voici parvenus au bas de la salle Jurassique, la plus vaste du réseau à ce jour, avec 120 mètres de longueur. Là, le Millepattes émet le désir d'aller voir le "Cratère" qui s'ouvre au sommet de cette magnifique salle.

- Mais c'est qu'il a appris la cartographie du réseau par coeur la peste ? doivent peut-être penser les copains peu motivés pour grimper encore jusque là-haut !...

Finalement, Pierre devant la motivation du myriapode, consent à faire le détour et donne rendez vous à l'autre paire au bivouac qui n'est plus très loin, où l'on se retrouvera tout à l'heure pour la prochaine pause pique-nique.
Après avoir fait le tour de la salle nous reprenons le parcours normal pour rejoindre la galerie Millefeuille, ce qui fait penser au Millepattes qu'il en prendrait bien un morceau entre ses mandibules vu que l'estomac semble déjà se manifester !



Puis nous débouchons dans la fabuleuse galerie des Titans, toujours aussi impressionnante par ses dimensions colossales et son fond vallonné tout en douceur, qui ferait le bonheur d'un club de BMX !
Avant de bifurquer vers la salle Pentue, nous faisons un détour par l'amont des Titans, qui se poursuit également par une belle galerie encore inviolée ; que de découvertes en perspective dans le secteur !

Ensuite, nous traversons la salle Pentue et rejoignons la salle du Dôme, où nous retrouvons nos collègues au bivouac en train de se changer avant d'attaquer le chemin de la sortie parsemé d'obstacles plus ou moins aquatiques...



Bernard commence à éprouver passablement de douleurs qui le tiraillent jusqu'aux mollets, suite à sa chute en début de visite. Il préfère donc reprendre la route au plus vite accompagné de Claudal, avant que sa musculature ne refroidisse et que la situation se détériore.

- Pas de problème ! annonce Pierre
- Allez de l'avant, on vous rejoindra en route !

Dans les faits, on est parti à peine 15 minutes après eux, mais sans se douter que l'on ne les reverrai plus avant d'arriver au parking où ils étaient déjà rechangés !!!

En effet, sitôt enfilé la combi étanche et mangé un petit quelque chose, nous nous sommes mis en route "dardare !". Voici déjà le Lac Victory, où Pierre en arrivant à l'autre bout, s'encouble contre un bloc caché par la turbidité de l'eau provoquée par le passage de nos devanciers, et manque de peu de finir à plat ventre dans l'élément liquide !

Le Millepattes qui suivait 10 mètres derrière aurait mieux fait de ne pas rire, car il a sûrement buté contre le même obstacle juste avant la sortie du lac ; en tout cas une plaque de roche a basculé quand j'ai marché dessus, et ça a bien failli faire un gros plouf…

Nous marquons 30 secondes d'arrêt devant un autre départ inexploré, puis reprenons le cours de la galerie Challenger qui permet une progression rapide. Ensuite démarre la galerie des Pharaons, en traversant la salle des Chandelles, de la Reine, Guliver, les Rois… enfin je ne sais plus si c'est dans l'ordre vu la vitesse où l'on traçais… et enfin la Carrière Kheops qui demande quelque effort pour s'y glisser. Puis quelques blocs à passer et arrive la fameuse Carrière Égyptienne, où le Millepattes s'est à nouveau aiguillé directement par en dessous : Souvenir-souvenir !

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La Galerie des Géants se fait sans encombres et toujours pas de trace de nos deux éclaireurs ; pas de doute, ils doivent "sentir l'écurie" pour avancer à une telle allure !
Passé le Méandre Gargantua voilà le dessert : Les Pénitents et la Blizzard !!!

Les Pénitents ça va encore ; à 4 pattes en poussant le kit devant, ça avance tranquillement. Mais dans le méandre de la Blizzard, là le Millepattes commence à sentir la fatigue et avec de l'eau jusqu'à la taille ; ce n'est pas cela le plus désagréable mais ça refroidit tous les muscles des jambes, et Dieu sait si l'on en aura besoin un peu plus loin !

En effet, quand il faut commencer à progresser dans le haut de la faille et être toujours à la recherche de prise pour les pieds, ceux-ci commencent à avoir de la peine à répondre présents…
Après un coude, je veux poser mon kit un bout plus en avant, et m… voilà qu'il tombe 2 mètres plus bas au fond de la faille ; je vous dit pas quelle comédie pour aller le rapercher là au fond !

Un peu plus loin, Pierre m'attend et reprend sa route dès que je le rejoins ; il progresse toujours proche du plafond et je peine à le suivre. Un moment donné, je commence sérieusement à fatiguer et constate un élargissement au niveau du ruisseau. Ni une ni deux, je décide vu la fatigue de me laisser glisser au fond afin de poursuivre par le lit du ruisseau, et ainsi pouvoir au moins marcher sur un sol ! Mal m'en a pris !...
En effet, je n'ai pas pris la précaution de dételer le kit, qui à ce moment était sur mon dos. Mon corps a bien glissé le long de la faille, mais ni le kit ni le casque n'ont voulu suivre ! Et voilà maintenant que l'éclairage commence à péricliter du fait que le casque coince au niveau de l'interrupteur ! Je parviens à décrocher la jugulaire afin de me libérer du casque, mais alors pour défaire les bretelles du kit coincé comme j'étais… Macache Bono !!!... Heureusement, Pierre vient à mon secours et m'aide à me débarrasser des bretelles afin que je puisse rétablir la situation.

Alors rassurez vous, le Millepattes n'est pas prêt de s'aventurer tout seul dans ce réseau pour aller faire de la première dans toutes ces nouvelles galeries, qui n'attendent que des topographes déterminés à poursuivre l'incroyable odyssée des Fées...

Parvenus au bout de l'enfer, nous remontons la Rampe Jeanne d'arc et Pierre m'offre la tournée au bas du Puits de l'Ours, sous forme d'une bonne rasade de thé chaud afin de retrouver quelques forces pour la suite de la "promenade" ! A cet endroit, il me semble percevoir les voix de nos collègues, alors que la suite nous certifiera qu'ils sont bien trop loin devant nous pour que l'on puissent les entendre. Décidément, cette rampe ne s'appelle pas Jeanne d'Arc pour rien !!!

La galerie du Joker passe sans problème, le Métro encore moins et finalement je me rassure pour ce qui est du siphon temporaire de la salle du Chaudron ! En effet, si nos copains n'avaient pas pu franchir ce passage car amorcé par la récente fonte de la neige, il y a longtemps qu'on les aurait rencontré à rebrousser chemin. Et effectivement, nous constatons dans le Chaudron qu'il reste bien 40 cm d'espace avant de devoir mettre la tête sous l'eau !

Par contre, plus loin le Lac des Fruits Défendus est bien plein et nécessite de mettre un peu la tête sur le côté afin de la garder au sec !

Le reste du parcours n'est que formalité, et c'est vers 17h30 que nous atteignons la porte, donc un peu plus de 7 heures pour effectuer cette traversée. Nous fournissons un dernier effort pour quitter la grotte et remonter le sentier qui mène au parc des Fées, où nos deux "lièvres" nous attendaient ! Nouveau changement de tenue, récupération du véhicule du Millepattes au parc des Follatons, et Bernard doit nous quitter pour une soirée prévue de longue date, tandis que le trio restant se retrouve pour une bonne cassée à la pizzeria de Vallorbe

Le Millepattes.