Parvenus au parc des Follatons, c'est en effet la neige qui nous attend au rendez-vous ! Pierre, prévoyant, avait déjà équipé sa voiture de pneus d'hiver ! Pour le Millepattes qui est du coin, il sait que c'est seulement à la 3ème tombée de neige que l'hiver sera vraiment là !

Nous achevons de nous équiper au parc et emboîtons le chemin des Follatons en faisant gaffe à la glissade. En parvenant à la partie supérieure du chemin, nous traversons une véritable jungle ! En effet, les feuillus n'étant pas encore dénudés pour affronter l'hiver, le poids de la neige mouillée les fait ployer jusqu'à envahir complètement le chemin, rendant ainsi le parcours féerique et méconnaissable. Cela vaut la peine de commencer ici la séance photos !



Une fois au bord du trou, Pierre équipe le puits Cayenne et s'y engouffre, Millepattes suit de près. Arrivés au départ du boyau des Aveugles, Pierre explique qu'il va installer une nouvelle déviation dans le P37 et qu'il en aura pour une dizaine de minutes.

Millepattes patiente sur le rebord du trou, non sans penser qu'il aurait pu me laisser passer devant afin de descendre tranquillement à pied d'oeuvre et de commencer le boulot en bas. Depuis le jour de la jonction, il semble que Pierre redoute à chaque fois que le Myriapode en profite pour s'échapper dans cet univers grandiose, encore que très partiellement exploré.

Les dix minutes étant largement écoulées, je n'entends que des "charognées" au sujet d'un nouveau tamponnoir qui ne vaut pas pipette, et finalement, de guerre lasse, il s'en tiendra là pour aujourd'hui et annonce la voie libre.

Millepattes s'engouffre aussitôt dans le boyau et amorce la descente. Quelques mètres en dessous il trouve la déviation toute neuve qui semble tout de même solide, l'esquive et poursuit sa descente en bas du P37. Une fois au sol, Pierre est déjà loin ! "Engringé" face à son tamponnoir, il a dû mettre les gaz pour descendre au plus vite ?!...
Prenant pieds au fond de la salle de la Cathédrale je constate que je suis toujours seul. Pas de doute, la sortie tourne au marathon !

Je me laisse glisser au travers de la trémie pour enfiler ce maudit méandre Blanche Glaise suivit du fameux puits de la Peur. Là, au fond de ce dernier, je retrouve enfin mon équipier. Petit arrêt pour se déséquiper du matos vertical et départ dans la Boîte aux Lettres afin de rejoindre la rivière Changelin et le passage du Mouille Cravate, qui s'est bien amélioré depuis la dernière séance de pelletage.

Ensuite, c'est la traversée de la galerie du Graal qui se passe sans encombre jusqu'à ce maudit lac de la bifurcation, objet de notre visite ce jour. Celui-ci traversé, nous déposons nos kits à l'arrivée dans Pinpin. Pierre m'annonce qu'il va gonfler les 2 chambres à air déposées dans la Galerie des Epées, pour faciliter la navigation dans la suite de cette magnifique galerie vaste et superbement sculptée. Je propose de l'accompagner afin de faire quelques photos en ces lieux, que je trouve sublimes malgré la menace qu'ils représentent en cas de chute !

Nous improvisons alors une petite séance photo, avec mon appareil qui ne paie pourtant pas de mine, mais qui donne tout de même de bons résultats dans des prises de vues rapprochées, vu que le flash d'origine ne permet pas de faire des photos dans de grands volumes.











Nous voici donc arrivés à la fin de la partie récréative… En effet, Pierre a pensé que l'on pouvait pour une fois varier le menu : S'occuper de la partie récréative avant la partie rébarbative, soit le déblaiement du fond glaiseux de "l'anus horibilis", la fin de la galerie du Graal, qui à cet endroit mériterait effectivement l'appellation d'origine : Graille contrôlée !



Il est à peine plus de midi et nous décidons d'attaquer les travaux avant la pause pique-nique, étant donné que nos estomacs sont encore satisfaits des croissants du matin !

Nous nous organisons rapidement. Une pelle est montée droite et l'autre coudée, afin de ne pas perdre de temps à les modifier en cours de progression. Pierre attaque le front de taille, non sans avoir barré l'eau un peu en amont pour ne pas devoir patauger dans un bourbier de tous les enfers ! Millepattes réceptionne les briques de glaise et les balance dans une petite galerie annexe, sans suite et providentielle, pour en faire un lieu de stockage à proximité, dont la capacité avoisine le bon mètre cube. Sans cela, il aurait tout fallu charrier les déblais 20 mètres en aval, alors sans bidon et courbé en deux vu le manque de hauteur, eh bien bonjour les douleurs dorsales !!!...

C'est donc dans ce cul de sac que le Millepattes envoie énergiquement tous les colis que Pierre lui balance, parfois à la limite du museau, afin de profiter de toute la place à disposition. Quant un rocher ou une belle brique d'argile un peu sèche se présente, Millepattes en profite pour monter un mur à l'entrée de cette petite galerie afin de retenir les matériaux plus visqueux à l'arrière. Lorsque une grosse pierre angulaire se présente, Pierre veut la placer verticalement malgré les réticences de Millepattes qui l'aurait préférée bien à plat !

Puis, le remblayage se poursuit derrière ce mur improvisé, l'impasse se remplit rapidement jusqu'au ras du plafond. En regardant le front de taille où Pierre travaille, je me dis que c'est gagné. En effet, d'après ce qu'il reste à déblayer, le volume qu'il me reste à disposition va juste faire la "Rue Michel" ! Cependant, c'était sans compter que comme d'habitude en spéléo, rien ne se passe comme on l'avait joyeusement planifié !...

En effet, brusquement le Millepattes sens une pression qui augmente contre ses genoux… Observant alors son barrage de la Grande Dixence version Swissminiature, il ne peut que pousser un cri de désespoir en constatant que le mur d'appui et toute la masse se mettent lentement mais sûrement en mouvement dans sa direction ! Il essaye alors de caler son genou afin de tenter de stopper ce glissement de terrain menaçant, mais face à plus d'une tonne d'argile qui se met en mouvement, c'est peine perdue ! Pierre, s'étant retourné pour savoir pourquoi le Millepattes lâchait des cris d'orfraie, lui conseille de dégager avant d'être enseveli, ou tout du moins coincé sous cette masse visqueuse qui a l'air de ne jamais vouloir s'arrêter !

- Pas costaud le maçon… je ne vais pas t'embaucher pour construire ma maison ! Lance-t-il au Millepattes pour le moins désemparé.

- Je ne peux pas construire un mur de béton rien qu'avec la M... que tu m'envoies ! Rétorque le Myriapode infiniment désolé !

C'est clair qu'avec la quantité d'argile semi liquide stockée là-derrière, même un mur de pierres aurait fini par céder sous la pression du remblai. Nous évacuons rapidement le surplus dans une petite niche située 2 mètres plus en aval, alors qu'il semble que le glissement se stabilise. Il reste encore la grosse pierre plate qui a évidemment basculé et fait maintenant saillie sur le passage, mais nous n'osons pas y toucher, sans quoi c'est l'affalement garanti de tout le reste de l'édifice !

Nous terminons le nettoyage de l'emplacement du sinistre…ainsi que la galerie, et retournons manger "Chez Pinpin", où vu la configuration particulière d'un endroit, on dirait que les Fées nous ont installé une table et un banc !

Après quoi, nous attaquons encore le dernier seuil, afin d'abaisser au maximum le dernier lac et faciliter l'évacuation de toute cette boue qui commence à remplir sérieusement le fond de la rivière Pinpin ! Maintenant, il n'y a plus qu'à espérer que le glissement de terrain ne reprenne pas et obstrue la galerie jusqu' a mi-hauteur. Sinon, ce n'est plus un bain de pieds que prendront les prochains visiteurs, mais un bain tout court !

Au vu de l'embeusée générale que nous avons pris en brassant au fond de ce collecteur de boue des bas-fonds-Follatons, Pierre n'a plus du tout envie d'attaquer la topo d'une petite galerie démarrant à proximité, comme nous l'avions éventuellement prévu si motivés. Nous reprenons alors le chemin de la sortie, et constatons que la petite galerie en question est maintenant parcourue par un ruisseau. Celui-ci viendra nettoyer quelque peu notre galerie de boue, ou la noyer à nouveau… c'est selon !

Il semble que la neige fond en surface, mieux vaut donc ne pas s'attarder en ces lieux !

Au passage de la paire de blocs en amont de la galerie du Graal, Millepattes entend clairement que la perte de la rivière Changelin a augmenté son débit. Effectivement, le ruisseau a gonflé, certes pas autant que lors de la journée de jonction, mais il y a de l'eau ; Pierre n'aura pas besoin de mettre une pièce dans la machine à laver de la trémie de la Cathédrale !

Une fois reéquipé et parvenu sur place, effectivement c'est douche comprise, mais connaissant maintenant mieux le fonctionnement hydraulique de ces puits, c'est de bonne guerre que nous nous en accommodons et prenons la rincette en remontant le puits de la Cathédrale!

Une fois en haut du dit puits, c'est dommage d'aller à nouveau se salir en haut du P37, mais ma foi, nous n'avons pas vraiment le choix ! Au fractionnement du P37, le Millepattes s'est même offert une petite frayeur quand son pied a glissé contre la paroi… Mais au moins on se rend compte de l'utilité des longes, et surtout la nécessité de s'en servir même lorsque l'on pense avoir un appui sûr !

Une fois le boyau des Aveugles franchi, les 58 mètres restants ne sont plus qu'une formalité une fois les membres du Millepattes bien chauffés. Le puits de la Douche nous arrose timidement, juste pas assez pour terminer notre auto-lavage ! Puis, c'est la sortie à l'air libre où le temps s'est déjà bien réchauffé depuis ce matin, car la neige a effectivement quasi toute disparue.

Avec un TPST de 6 heures, c'est une jolie petite sortie pas trop pénible, comme les aime le Millepattes. Pour le rétablissement matos, en revanche le temps est en principe toujours le même si l'on veut repartir avec un équipement impeccable !

Le Millepattes.