Arrivés au bord du trou, le puits Cayenne est rapidement rééquipé, ensuite de quoi Pierre et Claudal s'y engouffrent afin d'aller rapidement au départ de la dernière désobstruction et procéder à la topographie des nouveaux lieux. Pendant ce temps, Marc et Bertrand s'équipent du matériel photo pour les quelques vues dans les puits.

Parvenu à mi-hauteur du puits Cayenne, Millepattes bloque son descendeur et prépare le flash héliocommandé pour que Marc puisse prendre quelques vues plongeantes de ce joli puits. Quelques problèmes de démarrage de l'appareil photo commencent à faire souci, mais cela ne se passe encore pas trop mal ! Nouvelle série de photos en descendant le P20, où cette fois l'appareil commence à agacer le photographe ! Néanmoins, il semble que les photos sont quand même réussies...



En arrivant sur la vire qui sépare le P30 du goulet des Aveugles, qui donne accès aux puits récemment découverts, nous constatons que nos collègues viennent de s'engager dans le puits. Vu que les prochains fractionnements seront occupés pour un moment, nous n'avons plus qu'à patienter. En effet, un dessin de qualité demande des mesures précises ainsi que beaucoup de soins dans les reports sur l'esquisse.

Un peu plus tard, nous constatons que Claudal est descendu d'une dizaine de mètres supplémentaires, mais nous n'avons toujours pas le feu vert pour poursuivre notre descente !
Des éclats de voix autour du chiffre 89 nous font sourire… En effet, le clinomètre utilisé par Claudal est gradué en grades, alors que Pierre pense que ce dernier est en degrés ! Alors 89 degrés c'est quasiment vertical, et Pierre soutient que ce n'est pas possible, d'où le haussement de volume… jusqu'à ce que les deux compères s'accordent enfin sur la même longueur d'onde…

Un quart d'heure plus tard, depuis notre perchoir nous n'entendons quasiment plus rien, et Claudal semble déjà trop loin pour répondre à nos appels. C'est alors que Millepattes décide de commencer à se laisser gentiment glisser dans l'étroit goulet afin d'en savoir un peu plus sur ce qui se passe en aval, qu'une bordée de tonnerre retentit des profondeurs !!!... A n'en pas douter, Pierre doit se trouver à la verticale en dessous de nous et quelques particules boueuses ont dû s'abattre sur ses notes... Dès lors, n'osant bouger une antenne de peur qu'une nouvelle descente de sédiments ne fasse encore monter le ton en bas, le Millepattes reste figé dans l'étroiture ! Déjà que toute à l'heure un petit caillou délogé par Marc lors de la descente du P6 a rebondi sur l'épaule de Millepattes pour filer droit dans le trou où travaillaient les copains !

Le temps est vite long quand on n'ose plus bouger, de surcroît dans une étroiture où il faut partager le peu de place avec un fort courant d'air ! Quelle chance d'avoir pris la décision ce matin de passer une petite laine supplémentaire !
Au bout de 20 bonnes minutes, alors que je venais de dégainer ma poignée pour remonter vers Marc et me dégourdir les pattes, Claudal nous donne le feu vert pour amorcer la descente.

Ouf, enfin on bouge. J'attaque la descente et là, au départ du puits, nouvelle séance de photos. Je me laisse ensuite glisser jusqu'au prochain fractionnement. Ici, petit problème, j'ai mal calculé mon coup ! Le descendeur est placé un peu trop bas sur la prochaine corde, je me retrouve avec la longe tendue en même temps que ce dernier, donc pas moyen de la défaire pour me libérer ! Je ressors aussitôt ma poignée afin de me hisser d'un cran et pouvoir ainsi libérer ma longe. Parvenu une dizaine de mètres plus bas, Marc me demande de stopper à nouveau pour faire quelques photos, je m'exécute et réarme le flash automatique.

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Etant à cet endroit loin de toute paroi où prendre appui avec un pied, la corde ne tarde pas à tournoyer sur elle-même, tantôt à gauche, tantôt à droite ! La position n'est pas très confortable, voire même nauséeuse dans la durée ; en effet, l'appareil photo de Marc devient de plus en plus capricieux et refuse bientôt tout service ! Heureusement, il a pu prendre un ou deux clichés avant que l'appareil avoue forfait ! Ce qui me permet enfin de reprendre ma descente et d'être accueilli pas loin de l'arrivée par une lame de rocher dans le dos ! Voilà ce qui arrive quand on ne fait pas gaffe à 360 degrés autour de soi !...

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Enfin les pieds sur terre ! Marc me rejoint et m'annonce que la séance de photos s'achève ici, son appareil étant HS ! Nous nous dirigeons vers la tête du dernier puits et je m'enquiers auprès de Claudal qui se trouve au pied de la corde, si la voie est libre. Avec son assentiment, je met en place mon descendeur et me glisse dans l'orifice pour la dernière jolie descente. Une fois tout le monde en bas, Claudal et Pierre poursuivent la topographie pendant que Marc et Millepattes rebouillent l'éboulis du fond de salle, à la recherche d'une suite tant espérée...



L'heure de casser la croûte étant arrivée, nous nous installons tant bien que mal dans un coin pas trop arrosé de la salle de la Cathédrale ; c'est vrai qu'avec les bons orages des derniers jours, il y a de quoi prendre une bonne douche dans certains endroits !

Le menu étant expédié, pendant que Marc et Pierre terminent la topo nous décidons de revoir le fameux méandre pas très engageant exploré la dernière fois. Cette fois c'est Claudal qui si colle, pas de doute le courant d'air vient bien de là ! Dès que Millepattes peut récupérer le marteau et burin, il s'empresse d'élargir tout ce qui fait obstacle dès l'entrée du boyau, afin de pouvoir s'y engager tout en étant sûr de pouvoir ressortir même en marche arrière si nécessaire… Une partie des matériaux sont stockés dans une petite chambre au départ du méandre, et ce qui peut l'être est posé sur le plancher afin de le rendre moins boueux. On peut ainsi progresser quelques mètres dans des conditions acceptables, mais de toute façon on sait pertinemment bien dans quel état on ressortira ce soir… un peu de boue en plus ou en moins, quelle importance !?

Au bout du boyau, Pierre vient un moment à la rescousse, pour s'attaquer à un gros moellon recouvert de calcite qui obstrue le passage. Au-delà, comme Claudal nous l'a annoncé, on distingue un mètre plus loin un pincement encombré de quelques boulets, puis le méandre s'élargit et la résonance des lieux nous persuade que l'on se dirige à nouveau vers quelque chose de plus spacieux ! Avec cette vision plus encore le courant d'air, il n'en fallait pas plus pour que Millepattes et Pierre se déchaînent contre ce satané moellon qui ne veut pas céder ! Nous arrivons tout juste à nous croiser dans le seul endroit du méandre où l'on peut se tenir debout, et attaquons à tour de rôle ce fichu bloc qui verrouille de façon tenace le probable passage clé !

Après plus d'une heure d'efforts et réalisant que le rétrécissement suivant ne pourra être franchi qu'au moyen d'un minage, la décision est prise de supprimer les deux obstacles lors d'une prochaine incursion. Et qui sait ?... les follatons, farouches gardes du corps de ces gentes dames les fées, abdiqueront-ils enfin ? Ou alors Agamemnon devra-il consentir à un nouveau sacrifice ?!...

L'excitation d'un nouveau passage plus avant dans la quête du Graal redonne de la force au Millepattes qui "roille" de plus belle contre ce foutu moellon, mais rien à faire. Et quand il entend les collègues qui crient "on remonte !", alors, de guerre lasse, il plante le ciseau dans la fissure d'attaque, y suspend la massette et bas en retraite ; qui sait si les follatons profiteraient que je sois seul au fond pour se rebeller…

Claudal et Pierre, les plus lestes, partent en premier, comme ça ils ne seront pas freinés dans leur élan ! Puis Marc enchaîne et Millepattes ferme la marche. L'étroiture en tête du P22 se fait sentir après tous ces coups de massette donnés en bas ! Le grand puits de 37 mètres s'ensuit sans trop de problème, hormis le goulet des Aveugles, pas très agréable quand on a plus de force dans les bras !

Puis arrive le fameux P20 ! Une petite tasse de thé pour se donner du courage et là, Marc cède la primeur au Millepattes, non sans lui avoir donné un bon tuyau pour faciliter la sortie du puits sans se faire péter les plombs ! En effet, la technique de placer la poignée entre les deux amarrages et de mettre un pied dans la pédale et l'autre sur une prise naturelle permet de soulager complètement le croll, et de le passer facilement à la corde supérieure.
Je me suis ainsi rendu compte que chaque fractionnement est différend, et peut faire l'objet de procédure quelque peu différente, mais que l'on acquiert au fil du temps...

Plus que deux puits, et enfin la douce torpeur d'une journée finissante et bien remplie arrive à portée de main. Près des voitures, nous retrouvons nos deux athlètes en sous-combi déjà prêts à intervenir pour savoir ce que l'on foutait encore dans le trou ! Car dans la répartition du matos au départ de la salle terminale, c'est eux qui avaient pris le tonneau de bouffe, mais c'est nous qui avions les clés de leur auto !!!

Pour le soir, les trois lascars avaient une grillade-party en vue, et le Millepattes une bouffe à la Vallée de Joux. Heureusement pour lui, car il n'avait quasi plus de pattes après cette journée qui suivait le grand raout des récoltes !!!

Vivement la prochaine expé afin de savoir ce qui se cache derrière cette énième étroiture !

Le Millepattes