Aujourd'hui, à l'entrée des Follatons, de la foule des grands jours ne subsiste que deux entêtés… qui nullement découragés ne désirent pas encore s'avouer vaincus ! Bertrand et Pierre se rendent à la trémie terminale, histoire de s'y frotter à l'explosif ! Mais pour commencer, nous reprenons la topographie depuis le bas du P20, afin de compléter quelques informations manquantes. Cette tâche va nous révéler une surprise, en la présence d'un orifice qui a échappé à l'équipe topo, mais également à tous ceux qui sont passés 2 fois devant lors de l'exploration. En effet, sur le palier dans le puits incliné avant le P30, une petite ouverture laisse deviner un prolongement vertical, où les cailloux ricochent de quelques dizaines de mètres. Le passage est impénétrable, mais quelques tirs suffiront pour livrer passage. Peut-être que cet endroit est en relation avec une cheminée du fond, peut-être pas… Nous reviendrons à une autre occasion, rien ne presse.

Dans le P30, Bertrand a pris pied sur le palier conduisant au R3, au bas duquel nous allons commencer la désobstruction. Mais avant, nous désirons miner la lucarne juste en face, qui laisse entrevoir un second puits parallèle au principal. Un léger pendule me permet d'approcher de la fissure en question. En regardant de plus près, il me semble que cela doit pouvoir passer sans avoir recours à l'explosif. Néanmoins, avec le vide présent de chaque côté, le franchissement s'avère moins évident qu'il n'y paraît puisque je dois rester accroché à la corde, qui me retire sans cesse en arrière. Finalement, après plusieurs tentatives je réussi à trouver la position clé. Derrière, le puits s'avère de belle facture, autant que le puits principal. Je n'ai pas besoin de le descendre, je vois clairement que le fond est bouché quelques mètres plus bas. Il fallait s'y attendre… on ne va pas changer les habitudes !!!

Pour le retour, j'éprouve quelques difficultés pour refranchir la lucarne. En fait, je dois passer d'un puits à l'autre à travers une étroite fissure de 2 mètres de haut, se rétrécissant aux extrémités. La position horizontale est la seule acceptable, mais le risque de se retrouver pris dans cette pince rocheuse est avéré. Mon baudrier et tout ce qui suit est bien sûr un handicap, mais ce serait insensé de m'en séparer ! Bertrand est perché en face sur le palier de l'autre côté du puits, et le matériel d'équipement, de minage et tout ce qui pourrait m'être utile se trouve dans un kit suspendu à une lame de rocher entre nous deux !!! Donc Bertrand ne peut rien faire sans la corde, et moi je ne peux rien faire sans mon kit… Il est des situations qui s'avèrent autant grotesques… que problématiques, nous sommes dans de beaux draps ! Il ne me faudra pas moins d'une demi-heure pour me sortir de ce faux-pas, au prix de belles singeries... Il s'en est fallut de peu, sinon il est probable que l'on y passait la nuit…

Ces émotions nous ont ouvert l'appétit, c'est le moment de croquer un morceau. Nous attaquons ensuite le bouchon de blocs, le but principal de notre présence. Nous sommes à la base d'une sorte de cheminée allongée, creusée au dépend d'une faille. Sur une longueur parcourable de 7 mètres, les parois sont distantes d'à peine une mètre, où de gros blocs tombés d'on ne sait où se sont échoués. Nous décidons d'attaquer au pied d'une grande lame pointue, c'est ici que le courant d'air est le plus sensible. Le bloc en question fait près de 3 mètres de haut, nous préférons ne pas le toucher, et enlever plutôt ses voisins, de tailles plus acceptables.

Après 3 tirs, nous avons réussi à progresser de 2 mètres en profondeur. Là, collé entre les rochers, il y a juste de la place pour se tenir, et dessous c'est tout autant encombré. Le mieux serait de tout enlever, mais c'est l'entreposage qui va alors poser problème. La glaise est également de la partie, donc pour la suite des hostilités… c'est mal barré !

Recouverts de boue, le moral entaché… nous décidons de remonter. Trouverons-nous un jour le goût de revenir jouer dans ce bourbier ? Le temps fait des merveilles…