L'eau se fait bien plus discrète aujourd'hui; le lac au fond du puits de la douche a disparu pour refaire place à la fange habituelle, mais de ce côté là; ce n'est qu'une mise en bouche comparativement à ce qui nous attend plus bas!

En effet, après la trémie du fond de la cathédrale, le méandre Blanche glaise se trouve être un infâme boyau rempli de boue liquide, dans lequel il faut ramper pour parvenir à la lucarne du puits terminal! Notre moral en prend déjà un coup!

Une fois en bas, nous déséquipons le matériel vertical et enfilons la suite; un peu allégés... La galerie du Graal devient, elle aussi, toujours plus "accueillante" avec ses nombreuses laisses de boues liquides et de lacs nous compliquant la progression si l'on veut rester plus ou moins secs pour la suite du parcours!

L'habituel détour par les Épées et de rigueur si l'on veut retrouver notre splendeur, puis, go, direction le terminal; ou l'on constatera que la petite crue d’il y a deux semaines, n'a pas fait bouger le niveau du lac qui trône au détour de la galerie...

Une petite pause est prise aux bas des Errants, le Millepattes trouvant l'endroit plus confortable que les rochers du Terminal!

Ensuite de quoi, le passage du Col nous redonne quelques bouffées de chaleur avant de redescendre se connecter sur la galerie des Lacs pour une bonne tracée d'environ 600 mètres avant de parvenir à l'embranchement à atteindre...

Sitôt passé la salle Mégabloc, nous trouvons le départ de la bien nommée galerie Secrète sur notre droite, bien camouflée derrière un magnifique massif stalagmitique!

Nous pouvons, dès lors nous installer un petit camp de fortune pour y déballer tout le matos et se préparer à l'ouvrage...

Le départ du dessin étant au 400ème, et notre réglette ne comportant pas cette échelle: nous décidons, que finalement, nous travaillerons avec celle au 200ème en divisant chaque mesure par deux! Cela à l'air d'un détail insignifiant; mais pris à froid dans les brumes matinales, cela nous a fait perdre de précieuses minutes de réflexion, dans un monde ou le temps n'a plus cours, ou presque!

Pendant que Sebo se change pour être au sec, le Millepattes prépare ses points topos pour les premières mesures de la galerie qui démarre dans les 7 mètres de large pour environ 1,5 mètre de haut.





Entre deux étapes, quelques photos sont prises afin de ressortir avec quelques souvenirs de beaux décors!







Varves découvertes

Puis, à une trentaine de mètres du départ, un bruit d'eau intrigue le Millepattes, qui va voir de quoi il en retourne...

Derrière un gros bloc, se trouve une large vasque d'environ 3 mètres de profond et d'environ 4 mètres de diamètre, au fond de laquelle une large flaque occupe quasi toute la surface... A la verticale de cette marmite, une cheminée, un peu moins large, mais affichant tout de même 28,5 mètres de hauteur totale déverse un ruissellement continu qui alimente la gouille avant de disparaître dans une perte.

Au fond de cette marmite, un départ se présente, ou règne un bloc en forme de mouton, qui donnera le nom de ce prochain départ qui descend plusieurs ressauts successifs, mais ne sera pas exploré ce jour, faute de temps.

En revenant au niveau de base, il s'agit de contourner cette marmite, afin de trouver un cheminement pour la suite de la galerie principale... Ce sera chose faite par la droite de l'obstacle, qui permet d'emprunter une vire glaiseuse surplombant la "piscine" et de continuer au-delà...

Après quoi, les choses se corsent un peu pour le dessinateur de piquet! En effet, un immense bloc, détaché du plafond il y a des temps immémoriaux et recouvert de glaise formant un vrai toboggan, barre presque toute la largeur de la galerie et à partir de là, 2 passages sont possibles: Contourner le bloc par la droite, le plus simple, mais pas le plus réaliste pour un relevé topo précis! La 2ème variante, consiste à escalader le bloc, afin de passer par la largeur réelle de la galerie et d'en relever toutes les caractéristiques... C'est la solution retenue par le Millepattes, qui va se faire quelques frayeurs en plaçant ses pastilles topos; car une glissade à cet endroit finirait soit dans la marmite en contrebas, soi en allant s'écraser contre la paroi latérale longeant le bloc!

Finalement, ce passage délicat à été bien maîtrisé et c'est tant mieux, car au-delà, nous débouchons tout bonnement sur une galerie transversale, partiellement effondrée; dont la partie qui se détache à gauche est l'amont et la partie qui s'échappe à droite, est l'aval, qui, lui, n'est aucunement effondré, mais au contraire d'une incomparable beauté de par la richesse des concrétions présentes!





Les heures avançant largement, la pause de midi étant avalée; un essai avec des nouilles chinoises est un thermos d'eau bouillante ayant été concluant et fort apprécié par la froidure qui règne en ces lieux, nous décidons de terminer le dessin du carrefour et de préparer les 1ères visées dans les deux galeries amont et aval qui se présentent, non sans avoir pris quelques images du départ aval, si richement décoré!

Le départ amont, bien caché, puisque invisible depuis le carrefour, à cause de l'effondrement de tout le plafond, bouchant ainsi la perspective de cette pourtant large galerie, nous oblige à franchir une sorte de périscope et de descendre un ressaut de 1,6 mètres afin d'apercevoir la suite!

A nouveau, une large galerie, mais cette fois très basse, environ 1 mètre, dont le fond est couvert de sédiments s'offre à notre regard et file loin à l'horizon... Pour le Millepattes, c'est une affaire qui roule! En effet, la typologie de cette galerie et la direction qu'elle prend fait qu'elle doit probablement être l'extrémité aval de la galerie du même type que nous avions reconnu la dernière fois, mais depuis l'amont! Entre le point extrême que Pierre avait reconnu depuis l'autre bout et les 10 mètres que le Millepattes est remonté depuis l'aval avant de se faire "gronder" par son coéquipier, que reste-t-il? 60-80 mètres? Cela, chers lecteurs, seule la prochaine sortie nous le dira, car nous-mêmes, n'en savons pas plus! Et, comme tout peut arriver dans ce réseau; par expérience, la réalité est souvent bien différente des pronostics, nous pourrions aussi nous retrouver dans deux galeries qui se croisent sans même se rejoindre! Les paris sont ouverts, quelle est la mise?

Une seule chose est déjà sûre: Dorénavant, chaque trajet jusqu'au "chantier" se verra alourdi des 100 mètres ou plus de galerie déjà topographiées et sera ainsi toujours plus conséquent! Les journées n'étant pas "élastiques" à l'infini, il faudra soit un nouvel accès, soit un nouveau bivouac plus en amont!

Enfin, la journée étant bien remplie, il est déjà 18 heures et comme le trajet de retour avec la remontée des puits représentent 4 heures de route, nous décidons de rempaqueter nos affaires et d'en rester là pour aujourd'hui...

Et, effectivement, il est 22 heures lorsque nous retrouvons la voiture après bien des efforts et des "charognées" en remontant les puits!

Aucun des deux mineurs de fond du jour n'ayant le courage de jouer les prolongations sur Vallorbe ce soir là; c'est pour chacun retour au bercail, douche, miam-miam-dodo, et cette fois, le service de parc attendra dimanche... On n’est pas des légionnaires quand même ;-)