But de la journée : Équiper le petit puits au bout de la galerie "Espoir " afin de tenter la descente et poursuivre la topo de l'endroit...

Parvenus au parc des Fées, nous nous équipons en tenue subaquatique afin d'affronter les bassins profonds de la galerie Polaire.

La porte franchie, Millepattes s'efforce de dégager une feuille vierge de ce qui n'est plus qu'un conglomérat de feuilles détrempées et collées ensembles de ce qui était à l'origine le carnet de présence des Fées, pourtant utile à la sécurité des explorateurs... Le devoir accompli, la paire se lance tranquillement sur le parcours à effectuer pour se rendre à pied d'oeuvre. Au départ de la galerie Polaire, les traces d'un niveau d'eau assez élevé sont bien marquées sur les bords, preuve que sûrement, en juillet, un bon orage a amené un peu d'eau dans le réseau...

Malgré cela, le niveau d’eau dans le siphon de la Polaire est particulièrement bas, donc l'eau qui a empli le lac temporaire au départ ne venait pas d'ici.

Au niveau du passage de l'écluse, le niveau d'eau est quasi constant, le fond du bassin doit être joliment hermétique ! Au ressaut "Guillaume Tell" la pomme se trouve 20 cm. au-dessus de l'eau, elle ne sera donc pas inquiétée par les vaguelettes provoquées par le passage des deux "Ursus Spéleus" de service !

Ayant brillamment franchi tous les obstacles, les deux compères parviennent enfin à la salle Dupuits pour emporter, en passant, l'échelle souple qui nous attendait patiemment depuis l'expédition "Peary" du mois de juin.

Puis, c'est le départ dans l'inconnu pour Millepattes et Seb, qui attaquent pour la 1 ère fois la galerie "Espoir".

- C'est aussi long que la galerie du "Graal" mais en pire ! Ronchonne le Myriapode, à force de se traîner à quatre pattes en poussant l'échelle et son kit bien chargé !

- Ouais, je ne voyais pas cela si long répond Seb qui suit cahin-caha.

En chemin, nous tombons sur deux petits puits contigus d'environ 2 mètres de profond. Ce ne peut être cela se dit le Millepattes, Pierre ne nous aurait pas envoyé mettre une échelle dans ce truc là ! Le premier trou semblant sans suite, le Myriapode le contourne pour se laisser glisser dans le suivant et la suite se trouve en bas...

Enfin parvenu au carrefour final, le duo s'arrête un instant pour repérer le fameux point topo. Celui-ci identifié, Millepattes s'engage dans la faille qui se détache sur la gauche pour aller vérifier ce fameux puits de 5-6 mètres, but de la course d'aujourd'hui...

- Ce n’est pas génial ce truc, un vrai trou de ch... lance le Millepattes ! Mais bon, on va équiper ça, histoire de tester cette spiterie !

Sébastien arrive sur les lieus avec la dite trousse flambant neuve, dernière acquisition du Myriapode.

Ce dernier s'installe comme il peut afin de pouvoir entreprendre le forage dans les meilleures conditions et commence par aplanir une fraction de paroi au marteau avant de placer un spit au bout du tamponnoir et de s'engager résolument à taper, tout en tournant le manche afin d'obtenir le même effet qu'une perceuse-frappeuse, la vitesse en moins !

Une fois le trou ayant atteint la longueur du spit, le Millepattes souffle dedans pour le nettoyer, en prend plein le museau et se dit qu'un petit tube nylon ne sera pas de trop dans la trousse !

Une fois que tout est propre, un cône est placé au bout du spit est le tout frappé en place jusqu'à fleur de la paroi. Une belle plaquette toute neuve est solidement vissée au bout avant d'y mousquetonner l'échelle...

- Tu sais que la coutume veut que celui qui spite descende le premier ! Fait Seb un peu inquiet !

- No problem ! Rétorque le Myriapode tout en faisant quelques violentes flexions de jambes sur les pachons pour lui démontrer la fiabilité sans faille de son premier spitage !

Ne reste plus qu'à tenter de descendre ce trou à rats !

Millepattes se laisse glisser le long de l'échelle jusqu'a un rétrécissement du boyau pour constater que l'échelle ne s'est pas entièrement déroulée. Comme il n'y a pas moyen de la démêler avec les bottes, il ne reste qu'a remonter afin de hisser l'échelle pour la déployer avant de l'engager à nouveau...

Facile en théorie, mais remonter une échelle dans un trou où l'on ne peut fléchir les jambes pour franchir les pachons est une vraie gageure ! C'est un premier flip pour le Millepattes qui se voit déjà coincé là, au fond !

Après bien des efforts, il parvient enfin à se hisser dehors pour ravaler l'échelle, tout dérouler avec l'aide de Seb, et la remettre en place. Cette fois elle est entièrement déployée est arrive à peine au fond !

Millepattes tente une nouvelle descente, mais en travers cette fois, histoire d'avoir un peu de dégagement pour plier les jambes. Malheureusement, au niveau du rétrécissement, c'est les hanches qui ne passent pas !

Dilemme ; se remettre dans l'autre position pour que les hanches passent et ne plus pouvoir pédaler pour remonter ? Ce puits est un vrai piège à cons se dit le Millepattes, descendre sera toujours faisable, au contraire de la remontée… d'autant plus qu'en-dessous, ca pince sérieusement !

Ayant vraiment vu de l'air lors de la 1ère remontée, Millepattes demande à Seb, s'il veut tenter le coup, à condition de ne prendre aucun risque si il voit que le retour devient aléatoire !

Sébastien accepte l'offre généreuse et s'engage à son tour dans l'étroit orifice ! Parvenu à mi-hauteur, il fait les mêmes constatations et réalise que ce serait pure inconscience que d'insister, en effet, nous n'avons aucun matériel "vertical" avec nous tels que corde, poulie, bloqueurs etc. Donc si l'un de nous se trouve piégé au fond, l'autre ne pourra rien faire pour lui venir en aide...

Décision est donc prise d'un commun accord d'en rester là pour aujourd’hui ! En effet le jeu n'en vaut pas la chandelle si l'on veut être encore là dans le futur pour faire d'autres découvertes !

Le puits en question est nommé "puits du Faux Espoir" en relation avec la galerie qui le précède et sa profondeur mesurée est de 10 mètres, soit pile la longueur de l'échelle qui l'équipe.
L'heure étant bien avancée, nous nous installons pour "dîner" et Millepattes profite de la pause pour aller en face inspecter la galerie du "Broyage" jusqu'à la trémie qui l'obstrue entièrement et constate qu'effectivement on est en présence de roches marneuses extrêmement friables d'ou le nom de l'endroit.

Revenu au carrefour, celui-ci constate que ses sandwichs sont également broyés du fait qu'ils sont dans le sac étanche avec la trousse topo. Le bidon étanche est resté à la maison, afin de faciliter le passage des zones étroites de la Polaire...Mais quand on a faim on s'accommode de la situation !

Tout en se restaurant, Millepattes propose à son co-équipier, puisque l'on ne peut rien faire de plus aujourd'hui dans le secteur, une petite incursion du côté du Cataclysme afin de voir enfin à quoi ressemble cet endroit si redouté des collègues qui l'ont affrontés avant nous !

Ok, dit Seb, comme c'est déjà topographié, on ne sera pas en infraction avec le code des Fées !

Les kits sont ainsi remballés et nous nous dirigeons gaillardement sur le retour en direction de l'Hexagal, fameux carrefour ainsi nommé car 6 galeries y convergent !

Comme dès lors, nous nous considérons en "touristes" nous laissons nos kits à l'Hexagal et prenons le chemin du Cataclysme via le Labyrinthe des Gnomes et ce que Millepattes estime être la "Clé sud".

Après une étroiture assez sévère due à une lame de roche saillante dans un couloir déjà étroit, un petit ressaut de 1 mètre débouche enfin dans ce qui semble être le pied d'une vaste trémie...

Millepattes n'est pas sûr que ce soit déjà le Cataclysme, peut-être une faille annexe ébouleuse à souhait... Ne pouvant pas poursuivre sur la droite, il décide de tenter la gauche où Seb semble avoir trouvé un passage parmi les blocs. Quelque part dans ce chaos un point topo nous rassure, nos éclaireurs sont bien passés par là ! Nous pouvons donc continuer de progresser dans cet endroit à la fois fascinant et inquiétant. En effet, rien n'est stable, aucune concrétion, comme si tout semble s'être effondré récemment !

Nous cherchons chacun de notre côté, des traces, un passage ou un autre pour remonter à travers ce chaos ou vraiment rien n'est encore stabilisé, puis, un deuxième point topo est repéré !

- Pas de problème, on est toujours en terrain connu dit le Millepattes, essayons de grimper là-haut !

Après bien des allers-retours pour trouver un passage parmi des blocs menaçants, nous parvenons à nous élever graduellement, et finalement, la décision est prise de rebrousser chemin !

" Une trémie n'a de danger que pour celui qui veut l'affronter " disait un jour Pierre !

" Mieux vaut un chiard vivant qu'un héros mort " rétorquerai le Millepattes !

Nous dévalons la pente instable pour retrouver notre point topo, que nenni ! Où est-il donc passé celui-là ?

Nous entamons des allers-retours le long du miroir de faille à la recherche de repère, sans succès. C'est vrai qu'il y a mille et une possibilités de s'enfiler à la mauvaise place !

Seb commence à flipper, je le sens au ton de sa voix ; je dois rester zen, en aucun cas laisser apparaître mon anxiété, sinon c'est la cata programmée ! Il a confiance au Millepattes qui l’a embarqué dans cette galère, si celui-ci défaille, alors la panique va s’installer !

L'appréhension donne soif au Myriapode qui ne trouve pas une goutte d'eau dans ce fond d’éboulis ! Nos kits sont vachement utiles à l’Hexagal ! Au pire, ils donneront une indication aux sauveteurs de la direction à suivre !

Bon, soyons méthodiques ! Nous érigeons de petits cairns sur les passages clés afin de ne pas repasser 15 fois aux mêmes endroits... Nous sommes arrivés au bas du miroir de faille, donc nous devons inspecter tous les départs qui longent cette paroi ! Et surtout retrouver les points topo !

Tout à coup, en longeant la paroi, je retrouve un petit départ de boyau où j'avais plaisanté en arrivant, en disant à Seb que c'est par là qu'était la suite ! Celui-ci trouve un peu de réconfort en reconnaissant l'endroit, puis un peu plus en aval, la fameuse lame de roche prête à se rompre qui avait inquiété Seb tout à l'heure... Pour passer ses nerfs, le Millepattes lui fout un bon coup de poing (à la lame, pas à Seb !), en disant qu'ainsi elle ne fera plus de mal à personne, celle-là ! Vu que le morceau n'a opposé aucune résistance pour aller s'écraser au sol !

Nous descendons encore et là, ouf, un point topo ! Puis à quelques mètres deux départs au pied du miroir. Seb s'engage dans le plus grand, Millepattes inspecte celui de gauche et devient catégorique : C'est par là que nous sommes arrivés, je reconnais formellement le passage ! En effet, je retrouvais le petit ressaut de 1 mètre franchi une bonne heure plus tôt !

Plus envie d'aller voir ou mène le boyau découvert par Seb ! Le sourire retrouvé nous nous enfilons avec délice dans l'étroit passage et fonçons tout droit en direction de nos kits et de nos thermos !!

Puis le retour s'engage, le stress en moins ! On a eu notre flip aujourd'hui, pas d'être enseveli sous un cataclysmique éboulement, mais bien d'être pris comme des rats dans un piège de toute beauté !
Un labyrinthe de galerie c'est encore maîtrisable, mais progresser à travers un gigantesque chaos de blocs est encore bien plus compliqué !

A défaut de semer des cailloux blancs, nous imiterons les spéléonautes et prendrons un fil d'Ariane, la prochaine fois que l'on viendra topographier nos trouvailles !

Le retour s'effectue sans problème et un bon bain dans le jacuzzi qui reste aux fruits défendus est le bienvenu pour se débarrasser de toute cette argile collante !

Nous retrouvons l'air libre à 17:15 et rendez-vous est pris dès 20 heures après le service de parc pour aller déguster un bon souper-grillades chez Sébastien et Patricia !

Le Millepattes