Mais, reprenons le cours des choses, depuis le début :

Il faut dire que depuis les échanges de messages initiaux, pas mal de changements ont eu lieu. En effet, ce samedi 25 juillet devait être consacré à une belle journée d’exploration, tout comme à une initiation topo pour Sébastien.

C’était sans compter que ce dernier avait un engagement le soir même, vers 19h00. Sans parler des pluies des jours précédents qui n’avaient pas facilité le travail du Millepattes, qui devait investir son samedi en surface, au boulot.

Du coup, changement de programme ! Pierre propose de modifier l’objectif initial au profit d’une journée plus courte. Nous profiterons de ce samedi pour transporter deux chambres à air jusqu’à la base de la galerie des Epées. Cela serait fait pour une prochaine fois. De plus, au vu de la configuration des lieux, il est vite arrivé de crever : c’est donc bien vu d’avoir 1-2 embarcations de plus.

La journée débute donc avec le traditionnel café. Les discussions entre Pierre et Sébastien vont bon train…

- On reprend encore un café ?!
- Bien sûr !

Si bien qu’au bout d’un moment, un rapide coup d’œil sur l’horloge du tea room nous invite à activer !

Le duo se met en route en direction du parc des Follatons et commence le traditionnel changement de tenue. Au revoir shorts, sandales et lunettes de soleil. Il est l’heure des sous-combinaisons et combinaisons PVC !

Le hasard fait parfois bien les choses. Notre arrêt prolongé au tea room a permis au Millepattes de joindre Sébastien par téléphone ! Ce dernier annonce qu’il fera partie de l’incursion. Le temps de préparer ses affaires, emporter un pique nique et il rejoindra le duo, presque prêt à partir.

Arrivés à l’entrée des Follatons, Pierre met en place la première corde qui nous permet d’enchaîner la descente des puits. Et c’est parti !

Arrivés à -150, Pierre et Sébastien se débarrassent du matériel vertical et s’apprêtent à poursuivre, lorsque une voix résonne depuis le sommet du dernier puits :

- Ah, vous n’êtes que là ?!

Le Millepattes semble être étonné. Mais nous ne sommes pas dupes : ce dernier est si essoufflé, que nous comprenons bien qu’il s’est équipé très rapidement, a sans doute rejoint l’entrée de la cavité au pas de course, et directement enchaîné la descente des puits aussi vite que possible.

Pour nous, c’est parfait ! C’est donc à trois que nous passons la Boîtes aux Lettres, et attaquons la rivière Changelin. Sébastien remplit déjà ses bottes au Mouille-Cravate, malgré un avertissement du Millepattes. On enchaîne avec la galerie du Graal, qui débouche sur le méandre Pinpin.

A cet endroit, on met le cap sur la Galerie des Epées, où le premier changement de tenue aura lieu. Pendant que Pierre enfile sa combinaison étanche, Sébastien s’habillera en néoprêne. Le Millepattes, quant à lui, avait bien anticipé et s’était directement équipé en étanche sur le parking.

Ne pouvant rester inactif plus d’une demi-seconde, il s’attaque au montage de la pompe et s’active à gonfler les deux chambres à air que nous avions dans les kits. Une fois le trio prêt, chacun emporte sa chambre à air vers l’aval de la galerie.

Pierre lance un avertissement : « Attention de ne pas tomber, pour vous … et pour notre chargement bien encombrant et fragile ! ». En effet, la galerie des Epées est bien nommée. Ses redoutables lames acérées auraient vite fait de déchirer nos embarcations de fortune !

Arrivé au premier plan d’eau, les 3 spéléologues-navigateurs embarquent et se suivent. Pour assurer la meilleure stabilité possible, nous sommes assis dans cette grosse bouée improvisée, les bras faisant office de rames. Les endroits traversés sont splendides. Les plans d’eau sont calmes et limpides, on aperçoit très bien le fond à 3ou 4 mètres sous nous. Les plafonds sont hauts et seul le bruit de notre progression vient couper le silence de ces lieux. Nos éclairages balaient, tour à tour, les lacs, les plafonds et les parois concrétionnées. Chacun avance, pour soi, en restant silencieux.

Nos embarcations sont plutôt efficaces et maniables, même si le simple fait d’embarquer demande de la précision et pas mal de prudence : il s’agit de bien viser et de faire attention à préserver nos bateaux des rochers coupants. Le Millepattes soulignant l’aspect comique de la situation, remarque qu’il devrait être facile de s’y entraîner, à la maison, sur la cuvette des toilettes !

Après quelques minutes de progression, nous débarquons à la Rvière Lanceleau, que nous remontons jusqu’à l’endroit topographié.

Chose étonnante : le niveau est 15 cm plus bas qu’à l’accoutumée, malgré les précipitations des derniers jours. C’est les conditions idéales pour l’exploration. Dommage que nous n’ayons pas emporté le matériel topo.

Nous revenons donc sur nos pas, pour reprendre nos embarcations et nous diriger vers la salle Baudegamu. Cette salle magnifique sera observée depuis un point haut, atteignable grâce à une échelle.

Nous terminerons notre visite par un aperçu du labyrinthe de Brocéliande et de la galerie Artur.

Il est désormais temps de penser au retour. Tout se passe sans problème… sauf pour le Millepattes, qui perdra l’équilibre et finira par chavirer dans un des lacs ! C’est à la nage qu’il regagnera la rive, grâce à des brasses énergiques car l’eau est plutôt froide.

De retour à la galerie des Epées, c’est l’heure du dernier changement de tenue. Pas si simple de se dévêtir, alors que nous sommes humides et que la température ne dépasse pas 6°C. Nous rangeons les combinaisons aquatiques au fond des kits pour retrouver nos habits secs, plus confortables pour aborder la remontée des Follatons.

Le Millepattes aborde la remontée le premier, qui sera suivi par Sébastien. Pierre ferme la marche. Tout se passera bien, mais très lentement. La remontée des Follatons réserve bien des surprises à celui qui connaît peu la cavité. Ceux qui font le plus râler ? Sans hésiter, ce sont :

  • L’entrée dans le méandre Blanche-Glaise et les sept gouilles, au sortir du puits de la peur ;
  • Fractionnements dans l’étroiture du goulet des aveugles.

En effet, les fractionnements posent encore quelques problèmes à Sébastien qui manque encore d’habitude et de dextérité. Il restera pendu quelques très longues minutes, à chaque fois. Du coup, c’est plus d’une heure après le Millepattes que Sébastien arrivera en surface, suivi directement de Pierre (et des deux kits).