Le temps capricieux des mois de novembre et décembre a eu raison des dates programmées, cela devient même un peu frustrant de devoir attendre une fenêtre météo bienveillante.
En cette période de noël, le froid s’est installé depuis quelques jours, ce qui, avec l’important manteau neigeux présent en surface, est une garantie de sécurité pour se rendre sous terre. Alors tant qu’à faire autant en profiter, c’est pourquoi, avec Claudal, la paire (!) de noël, nous avons prévu d’y rester... 3 jours ! C’est la troisième fois que nous effectuons ce genre de camp dans le réseau ; cela évite de perdre un temps précieux dans des déplacements inutiles et nous laisse ainsi 2 journées entières d’exploration.

Vendredi. Dans le grand virage de la route cantonale au départ du vallon du Crêt Cantin, nous décidons d’enfiler notre équipement de spéléo avant d’attaquer la marche d’approche. Puisque nous nous rendons dans le secteur de la salle Baudegamu, malgré la présence de la neige la Baume des Follatons reste le chemin le plus direct pour y accéder.
Avec une température de -3 degrés, c’est un peu dans la précipitation que je ferme ma sous combinaison, mal m’en a pris ! J’ai tout bonnement pulvérisé la navette de la fermeture éclair, plus moyen de la fermer. Ça commence bien, passer 3 jours ainsi vêtu ne m’emballe guère, mais finalement, avec un tee-shirt en dessous cela doit faire l’affaire et m’évitera au moins d’avoir le ventre à l’air... La demi heure de marche d’approche nous permet de nous réchauffer, ça chauffe même passablement sur les dernières longueurs avec 2 kits chacun et de la neige jusqu’aux genoux. Malgré 50 centimètres à l’entrée du gouffre, celui-ci est bien dégagé, c’est dû notamment à la couverture de branches de sapin que notre ami Bertrand a eu l’idée de confectionner avant les premières neiges.

Sans perdre de temps puisque nous sommes équipés, nous dévalons le puits d’entrée histoire de nous mettre plus au chaud. Hélas, le gouffre aspirant fortement l’air extérieur fait que les températures sont toujours négatives, et maintenant il faut en plus supporter un courant glacé ! Au bas du P7 nous trouvons un amas important de blocs de glace, il semble qu’une première vague de froid a précédé un redoux qui a fait fondre celle accumulée dans le premier puits. C’est généralement au printemps que cela arrive, et c’est le genre de danger qu’il faut absolument éviter ; de grandes quantités de glace peuvent choir à tous moments. Avec les températures du moment il n’y a pas de danger aujourd’hui, il faut néanmoins faire attention car certains morceaux sont prêts à tomber. Les cordes sont également gelées, mais le passage dans le descendeur leur fait reprendre de leur souplesse. A noter qu’avec le gel une corde n’est pas moins solide, au contraire. En effet, des tests ont prouvé que celle-ci se comporte mieux en cas de chute, par le fait qu’une partie de l’énergie absorbée par le choc étant utilisée pour faire fondre la glace ; la rupture étant ainsi retardée.

Au milieu du puits de la Douche, vers la cote de -45, la glace disparaît enfin des parois. Nous allons pouvoir commencer à nous réchauffer, c’est tant mieux ! La descente des autres puits n’est que formalité, même avec 2 kits chacun. En revanche, le franchissement du Mouille-Cravate suivit de la galerie du Graal sera plus problématique, nos bagages sont bien plus pesants et encombrants en configuration horizontale ! Dans la galerie des Epées, le désormais habituel passage à la brosse à récurer nous permet d’éliminer notre camouflage argileux, avant de revêtir nos combinaisons étanches pour la suite de la ballade.

Arrivé au premier lac profond, Claudal appréhende un peu l’utilisation des chambres à air en guise de bateau. Toutefois, après quelques bassins il sera pleinement convaincu des avantages de ces embarcations.

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Nous arrivons au croisement de la galerie Viviane, avec le méandre aval absorbant la rivière Lanceleau. Ici, lors de la dernière sortie d’exploration il y a plus d’une année, j’avais déposé une plaque topo, non sans l’avoir soigneusement amarrée à une grande lame de rocher, à plus de 4 mètres du sol. Depuis le début des travaux aux Fées, avec les dimensions des galeries j’ai pris pour habitude de dessiner sur des supports au format A4. La surface est plus agréable qu’au format usuel A5, mais surtout, cela évite de changer moins fréquemment les feuilles. En revanche, la plaque aluminium est peu pratique à transporter dans nos sacs étroits, c’est pourquoi, j’en laisse une dans chaque secteur d’exploration. Ici, quelle ne fut pas ma surprise de retrouver la lame de rocher, sans plus aucune trace de mon support à dessin ! Au vu de la section de l’endroit, environ 6 x 5 mètres, je me doutais que lors des crues l’eau allait peut-être prendre de la hauteur, mais pas au point d’emporter une plaque attachée à une cordelette de 5 millimètres, de surcroît située presque au plafond de la galerie. Avec la présence immédiate d’une rivière de 500 litres à la seconde en débit moyen, on pouvait s’imaginer ce que cela doit représenter en cas de crue. Mais maintenant, avec le peu... qu’il reste de ma tablette topo, je crois que nos idées sont encore bien loin de la réalité !



Pour l’heure, après l’épisode de la sous combinaison « super ventilée »... les ennuis continuent ; je ne vais quand même pas dessiner sur les parois ! Néanmoins ce n’est pas si grave, nous disposons de 2 autres plaques du même genre, déposées heureusement au départ de la galerie des Epées. Elles sont prévues pour le lendemain, où nous allons rejoindre un autre secteur du réseau.
Avec Claudal nous avons beau nous regarder, aucun de nous deux n’a envie d’aller chercher le sésame ! Serait-ce le demi kilomètre aller-retour dans des bassins profonds où l’on sait que ce n’est pas le genre d’exercice qui va nous réchauffer ?... Il faut pourtant bien que quelqu’un se décide, notre outil ne va pas se déplacer tout seul ! Finalement, puisque c’est un peu de ma faute d’avoir déposé la plaque au mauvais endroit... je me dévoue.

Un peu plus tard, nous arrivons dans le secteur terminal d’exploration. Cette zone se décompose en 2 parties qui communiquent à plusieurs endroits : le conduit principal supérieur, très spacieux, comprenant une salle richement concrétionnée appelée Baudegamu, ainsi qu’un labyrinthe inférieur, aquatique à souhait, nommé Brocéliande. Lors de la dernière sortie, nous avons exploré et topographié dans les 2 parties, et ce jour-là, comme à notre habitude, nous nous sommes arrêtés sur : fin d’une journée bien remplie !

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Nous poursuivons tout d’abord le conduit principal. Rapidement, nous recoupons une galerie aquatique de grande dimension. L’aval repart en direction du labyrinthe inférieur tandis que l’amont file à l’opposé. Avec la présence généreuse de l’eau ainsi que l’argile sur les côtés, cette nouvelle galerie ressemble pour beaucoup à la galerie Viviane – Dame des Lacs, sise juste à côté. Pourtant, après avoir pris botte dans le nouveau conduit, nous nous rendons compte que la profondeur du lac est faible, à peine jusqu’aux hanches. Après une quinzaine de mètres nous pouvons déjà sortir de l'eau, à l’orée d’une nouvelle salle baptisée Guenièvre ; la toponymie des lieux se rapporte aux légendes arthuriennes, nous n’allons pas déroger !

Après avoir escaladé 2 énormes blocs, nous butons sur une paroi lisse et verticale. Au-dessus, nous voyons nettement qu’une grande galerie débouche à 6 ou 7 mètres du sol, mais pour l’atteindre, il faudrait pouvoir disposer de matériel spécifique à l’escalade artificielle, ce qui n’est évidement pas le cas. Notre échappée fut belle mais de courte durée, nous n’allons quand même pas nous plaindre ! Il semble que cette branche dont la salle Guenièvre est le point de chute, provient d’une galerie affluente venu se greffer sur le drain principal Epées-Viviane. Une mini rivière de quelques litres à la minute est là pour nous le confirmer, elle se dirige dans la direction opposée à celle qui nous a amené ici. Donc je ne vois pas l’intérêt d’escalader la paroi dans un avenir immédiat, gardons plutôt cela de côté pour les temps où nos affaires seront moins prospères…

Revenus au carrefour de départ, nous partons à l’aval. Avec de l’eau jusqu’aux aisselles, la galerie se rétrécit rapidement et nous ne tardons pas à recouper le labyrinthe de Brocéliande, que nous connaissons que partiellement. Dans ce secteur compliqué de hauteur d’homme, nous levons l’intégralité de la topographie. Les nombreuses boucles et carrefours ne facilitent guère les choses et prennent beaucoup de temps ; mais cela fait partie des règles de l’exploration, où les grandes comme les petites galeries doivent être entièrement topographiées.

Dans ce labyrinthe, nous comprenons rapidement que c’est ici que les eaux de crues convergent. La configuration indique même un ennoiement général probablement sous pression, même pas un morceau de sédiment quelconque à se mettre sous la dent ! C’est dire si l’endroit n’offre aucune chance à ceux qui auront le malheur de braver un jour les conditions météo !
L’unique échappatoire pour l’eau et pour... nous aujourd’hui (!), se situe au niveau d’une galerie qui file au nord-est. Dans le secteur, c’est de toute façon le seul choix qu’il nous reste sous la main, alors « hardi petits » !

Nommée Arthur, cette nouvelle galerie se parcourt agréablement sur les premiers mètres ; la section fait tout de même 3 x 3 mètres. Mais rapidement, le profil change et nous oblige à progresser en opposition, dans un méandre de 1 à 2 mètres de large pour 5 à 6 mètres de haut. Nous avançons au niveau du plafond, le bas étant occupé par l’eau, dont la profondeur conséquente nous obligerait à nager, ce que nous ne désirons point ! Après une quarantaine de mètres, nous entendons un bruit de ruisseau. Pourtant, en regardant sous nos pieds nous n’apercevons qu’un plan d’eau calme qui s’étend de part et d’autre. C’est bizarrement étrange, voire étrangement bizarre...
Claudal se rapproche alors de l’eau, et bientôt je le vois disparaître dans la paroi... Intrigué, je me décide à le rejoindre pour comprendre le fin mot de cette histoire. La réponse se présente sous la forme d’une petite galerie étroite s'échappant perpendiculairement, faisant office de perte. Le débit du ruisseau est même conséquent, environ 3 à 4 litres à la seconde. Après 10 mètres de reconnaissance Claudal revient. Il m’annonce que cela continue en s’agrandissant un peu, il a ainsi compris que nous avons mieux à faire en poursuivant la galerie Arthur !

Depuis la perte, les parois deviennent trop lisses pour continuer en opposition, ce qui nous oblige à rejoindre le niveau de l’eau. Heureusement, quelques prises peu immergées nous évitent de nager, nous poursuivons tant bien que mal en levant la topographie. Après une cinquantaine de mètres la partie aquatique se termine, à notre grand plaisir. Le profil de la galerie change également, il fait maintenant 2 x 4 mètres. Devant nous la suite repart en profondeur, et ce qui est surprenant, il n’y a pas une brique d’eau. C’est tentant de poursuivre, mais l’endroit est aussi idéal pour nous arrêter, après une longue journée bien remplie avec près de 300 mètres de lieux topographiés.

Nous revenons au départ de la galerie des Epées où nous pouvons enlever nos combinaisons étanches, désormais inutiles jusqu’à la fin de notre séjour. Il ne nous reste plus qu’à rejoindre le bivouac de la salle du Dôme, située à environ 1 kilomètre d’ici. La forme physique est bonne, mais gentiment, au gré de la progression, la fatigue se fait ressentir. Il faut dire qu’il est bientôt 23h00, cela fait 14 heures que nous déambulons au pays des nuits éternelles. Au bivouac, comme à chaque fois, c’est un grand plaisir de retrouver des habits secs, mais aussi de chausser nos baskets, autrement plus confortables que les bottes en caoutchouc. Il ne nous reste plus qu’à nous préparer un repas chaud, et surtout, le luxe de pouvoir nous asseoir et soulager notre dos sur de petites chaises pliables. Il faut préciser que notre camp a été aménagé version « grand standing », classé 5 étoiles dans le guide Bo & Crado des bivouacs souterrains !!! C’est dire si c’est un endroit accueillant et très attendu après une longue journée de labeur. Vers 1 heure du matin, il est temps d’aller nous coucher, il nous faudra d’ailleurs que très peu de temps avant de tomber dans les bras de notre dieu des rêves, ce bon vieux Morphée !

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Samedi. Aujourd’hui, nous avons prévu une journée plus reposante, nous allons poursuivre quelques endroits qui restent à explorer dans le secteur. Avec le nouvel accès par l’entrée des Follatons, notre bivouac n’est plus du tout sur le passage, nous avons d’ailleurs prévu dans un avenir proche de le déplacer, voire même le supprimer s’il le faut.
Nous nous rendons d’abord près du lac Victory, où nous avons délaissé une galerie filant au sud-ouest, malgré des dimensions respectables : 8 x 1,5 mètres ! Ici, cela fait maintenant 3 ans que nous avons passé pour la première fois, et à maintes reprises nous nous sommes demandés ce que nous réservera la suite de cette galerie.

Après un parcours d’une quarantaine de mètres à quatre pattes, la section est à peine plus réduite, 8 x 1 mètres, ce qui nous amène à la baptiser : galerie des Nains. Bientôt, nous arrivons sur de gros blocs enchevêtrés, issus d'un éboulement.

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Cette nouvelle à double tranchant indique la présence d’un vide quelque part au dessus, mais pourra-t-on y accéder ? Chacun de nous s’essaye d’un côté comme de l’autre, nos espoirs s’estompent petit à petit. Pourtant, un moment donné, je réussis à discerner l’existence d’un vide entre 2 rochers au-dessus de moi. L’espace est bien trop étroit pour passer, mais cela m’incite à chercher plus en détail. C’est après m’être faufilé entre plusieurs blocs tel un serpent, que je trouve enfin le passage clé. A ma grande joie, je débouche dans une grande salle. Claudal me rejoint rapidement, non sans avoir préalablement agrandi et stabilisé le débouché. Nous sommes vraiment étonnés de cette trouvaille, qui doit jouxter de très près la Salle du Dôme.

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Nous effectuons rapidement le tour de cette cathédrale d’environ 60 x 15 mètres, que nous baptisons salle Dormante. Malgré quelques cheminées, elle n’offre pas d’autre continuation, il ne nous reste plus qu’à lever la topographie. Pour ce faire, nous nous séparons en... deux ! En effet, nous disposons de 2 Disto X.



Il s’agit d’appareils révolutionnaires qui indiquent en une seule mesure la distance, la direction et la pente. C’est le genre d’outil dont les spéléologues topographes en rêvent depuis de nombreuses années, et maintenant c’est devenu réalité. Avec cet instrument, non seulement cela permet de gagner en précision et en temps, les 3 mesures étant simultanées pour le même point de visée, mais cela autorise également une autre alternative, celle de pouvoir travailler... seul ! Ce n’est pas le but recherché, mais puisque Claudal désire améliorer ses techniques de dessin, il va aujourd’hui s’occuper de la galerie des Nains tandis que je topographierai la trémie d’accès et la salle Dormante. Une fois notre travail terminé, totalisant une centaine de mètres, nous échangeons nos impressions et remarques sur les nouveaux instruments, puis nous effectuons quelques photos de l’endroit.

Il est 14 heures, le moment est quand même venu de nous sustenter, nos estomacs commençaient à crier famine ! Nous nous rendons ensuite dans la désormais mythique galerie des Titans, où une autre galerie avait été délaissée lors de l’exploration. A l’époque, c’était d’ailleurs assez compréhensible, à choisir entre une galerie de 20 x 15 mètres et une autre de 4 x 3 mètres, « y’a pas photo » !...

Une fois sur place, nous remontons une galerie bien concrétionnée, dont le sol est revêtu d’un important dépôt argileux ; un remplissage provenant certainement de la galerie des Titans. Après 50 mètres, nous arrivons à la base d’une cheminée mesurée sur 23 mètres. Nous devinons une suite dans les hauteurs, mais à défaut d’une paire d’ailes, l’exploration s’arrête ici ! Nous effectuons également quelques photos de cette belle galerie et revenons dans celle des Titans.

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Il est environ 17 heures, nous faisons le point sur la situation. Le prochain objectif se situe au niveau de la galerie de Noël, à environ 500 mètres de là. L’heure est déjà passablement avancée et comme nous ne désirons pas trop nous étendre pour cette seconde journée, nous décidons de rentrer au bivouac.

Une fois n’est pas coutume, cette seconde soirée nous laissera tout le temps nécessaire à nous préparer de succulents petits plats, tels que soupe, pâtes et purée de pomme de terre, le genre de choses pourtant communes mais que l’on apprécie doublement dans le contexte souterrain. Et cerise sur le gâteau, sans oublier le bon petit verre de rouge ! Mais rassurez-vous, pas d’excès possible ; avec une bouteille de 3 décis il n’y a pas vraiment de quoi vaciller, même avec une grande fatigue ! Pourtant, quel plaisir de pouvoir déguster pareil breuvage en ces lieux éloignés... Vers 22 heures, chacun a regagné son sac de couchage, un record de plus à inscrire au tableau des Fées !

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Dimanche. A 07h00 Claudal est déjà debout. Si nous ne dormions pas sur des matelas pneumatiques je pourrais croire qu’il est tombé du lit ! Il a passé une bien mauvaise nuit à se retourner dans tous les sens, le sommeil des cavernes ne lui a pas réussi pour cette seconde nuitée. Après le petit déjeuner, nous rangeons nos affaires et quittons le camp. Retour à la galerie des Epées où nous récupérons au passage quelques affaires de la première journée, dont les combinaisons étanches. Le second kit personnel a repris du service, cette fois il va nous tenir compagnie jusqu’à la fin des hostilités !

Dans les puits, le poids de nos sacs fait rapidement ressurgir la fatigue accumulée lors notre séjour nocturne. Dans la remontée de 37 mètres, Claudal va d’ailleurs ronchonner pendant toute l’ascension ! Son bloqueur de poitrine ne veut pas glisser correctement, ce qui l’oblige à devoir tendre manuellement la corde à chaque brassée. Depuis le bas du puits, j’avais même l’impression qu’il tenait la conversation à quelqu’un ! Cette situation est déjà arrivée il y a quelques années, alors qu’il transportait 2 sacs volumineux dans un méandre étroit. A l’époque, quand je lui avais demandé à qui il parlait, il m’avait répondu qu’il parlait à son... kit ! C’est dire si en ce moment, la situation doit lui peser !

Le franchissement du goulet des Aveugles ne va pas arranger les choses, mais ceux qui connaissent le passage comprendront qu’avec 2 sacs, il est bien difficile de s’en sortir sans peine... Par ailleurs, nous sommes relativement mouillés par les efforts engagés à partir la galerie du Graal, nous devons maintenant faire face à un nouvel obstacle, le courant glacial provenant de l’air extérieur. Les doigts s’en ressentent les premiers et s’engourdissent lentement, le corps ne tarde pas à rendre la pareille. Mais pour Claudal ce n’est pas encore terminé, ses jérémiades vont se poursuivre dans le puits de la Douche !...
Cette fois, c'est la glace présente sur la corde qui en est responsable, empêchant ses bloqueurs de jouer leurs rôles. Son matériel n’est peut-être plus de dernière fraîcheur, mais il faut avouer qu’avec le gel et le poids de nos sacs, les conditions sont bien plus sévères qu’à l’habitude. Du genre prévoyant, il dispose heureusement d’un mini bloqueur de dépannage appelé « Tibloc ». Ce dernier lui rendra fièrement service, les picots flambant neufs de l’ustensile n’ayant aucune peine à combattre la glace. De mon côté rien à signaler, sauf peut-être les mêmes complications dans le goulet des Aveugles, avec ces fichus kits et leur tendance à se coincer toujours au mauvais endroit... au mauvais moment...

Il est 12h30 quand nous retrouvons la lueur éblouissante du jour, après presque 52 heures passées dans l’univers de la nuit. Le temps est couvert et les températures ont l’air franchement basses, raison de plus pour quitter rapidement l’endroit. L’arrivée à notre véhicule annonce une dernière difficulté : devoir se mettre « à poil » pour passer des habits secs, le tout en étant bien humide sous une température de -5 degrés ! Cela fait partie des bons plaisirs des sorties hivernales, qu’avec l’âge on apprécie de moins en moins. Allez savoir pourquoi ?...

Avec 450 mètres d’exploration et topographie pour ce camp de Noël, il s’avère un excellent cru comme nous les aimons, le développement du réseau passe ainsi à 13'022 mètres.