Pierre équipe le puits Cayenne et embraye la descente suivi par Millepattes ; toujours cette satanée corde trop courte au bas du P7... cette envie de défaire le noeud terminal afin de faciliter le dégagement du descendeur vu que le fond n'est qu'à 50 cm sous les pieds. Mais voilà, il paraît que cela ne se fait pas, règles de sécurité obligent; va falloir demander une dérogation au département de la sécurité et de l'environnement...

Ensuite, il est temps d'enfiler le P20, que cette fois nous baptiserions volontiers le « puits de la Douche » au vu de la rincée que nous avons pris tout du long de la descente! En effet, les fortes précipitations de la nuit précédente (plus de 25 litres au m2) n'avaient rien d'autre à faire que d'investir le trou en même temps que nous. Au moins la corde est propre, les parois des puits commencent à faire de même... Un moment, je me suis dit m... pensant être au moins à la "chotte" vu le temps qu'il fait à l'extérieur!
Heureusement, sitôt quitté le puits de la Douche, nous arrivons dans une faille fossile car colmatée de mondmilch, et sommes enfin au sec… quoique, les pieds dans la boue tout de même!

Là, nous descendons le ressaut de 6 mètres et arrivons à pieds d'œuvre. Pierre installe son matos dans une petite niche bien pratique juste avant l'étroiture à attaquer et, en spéléo avisé, assure son kit à la corde en place au moyen d'une cordelette. Le Millepattes tenant aussi à retrouver sa pitance à l'heure de la pause, amarre également son kit au premier. Car en effet, nous travaillons sur une étroite vire qui débouche 6 mètres plus bas sur le départ du P30, alors si nous ne voulons pas aller récupérer la boustifaille au fond, mieux vaut être prudents!

Le chantier peut donc débuter dans de bonnes conditions, malgré le peu de place environnante. Pierre perce les trous pendant que Millepattes prépare la munition... Le duo devient réglé, chaque élément arrive automatiquement dans la main de l'expert au moment voulu, évitant ainsi tout temps mort. C'est vrai que l'on n'est pas dans un boulevard; Pierre peut juste passer une main par dessus sa tête afin de recueillir la soufflette, puis les charges, le bourroir et les détos, avant de s'extraire de sa position inconfortable et raccorder la demi-douzaine de fils à la mini ligne de tir que l'on utilisera aujourd'hui. Car en effet, vu l'étroitesse de l'endroit, on ne peut s'éloigner de plus de 3 mètres du feu d'artifice! Bon, une solide paroi de roche en place nous sépare du point zéro, nous ne sommes pas des commando-suicides tout de même!

Blottis dans un petit pincement des parois, la résistance de la ligne de tir vérifiée à l'ohmmètre, Pierre met en charge l'exploseur et tourne la clé : VLAMMM ! Tir réussi!



Les gaz s'évacuant rapidement grâce au fort courant d'air remontant l'étroiture, Pierre peut retourner au front afin d'examiner le résultat. L'orifice de départ s'est pas mal élargi, mais il y a encore du boulot. Il faut maintenant déblayer les cailloux, et l'avantage ici est de pouvoir tout balancer dans le trou, en poussant avec les pieds! Vu la résonance et le fracas que produisent les gravats en rebondissant plus bas, au moins une chose est sûre, c'est qu'il y a une belle profondeur là-dessous, peut-être plus que le P30...

Arrive bientôt l'heure de béqueter, puis de reprendre du coeur à l'ouvrage!
Le second tir toujours dans la paroi de gauche permet de prolonger l'élargissement vers le bas; c'est qu'il y a bien quelques mètres d'étroiture avant d'atteindre la tête de puits. Le Millepattes va déblayer un moment afin que Pierre puisse aussi souffler un peu.

Après le déblaiement du 3ème tir, voilà que le second accu de la perceuse faiblit déjà, alors qu'il vient d'être remplacé! Pas de doute, il doit y avoir un bug quelque part vu qu'il a été mis en charge le matin même... Pas grave, on a quand même pu faire 3 trous, on s'en tiendra à quatre tirs pour cette journée, c'est déjà pas si mal...



Le résultat du 4ème tir est un peu supérieur au troisième, le passage commence gentiment à s'élargir. Mais le plus difficile et d'attaquer au fond, car il est indispensable d'avoir plus en largeur pour disposer ainsi de dégagement avant d'aborder la margelle du puits.

Le Millepattes défait un amarrage de la corde du P30 afin de la ramener à l'entrée du goulet et de s'y longer, avant de se glisser dans l'étroiture; se sentir aspiré par le trou inconnu qui se trouve là-dessous n'inspire guère confiance! Ainsi assuré, il peut s'attaquer joyeusement à la massette et au ciseau afin de dégager tout ce qui peut l'être et agrandir ce foutu passage que les Fées semblent vouloir défendre jusqu'au bout!...

Pendant ce temps, Pierre profite du peu de « jus » qu'il reste à la perceuse pour poser 2 amarrages avant le nouveau puits. Il fixe une cordelette au spit et passe l'autre bout au Millepattes afin qu'il s'y accroche, libérant ainsi la grande corde, car Pierre a l'intention de l'utiliser pour aller déséquiper le P30. Le Millepattes donne joyeusement de la massette au burin, tout soulagé qu'il est de ne pas avoir à descendre le P30 afin de récupérer la corde et les amarrages et de remonter avec tout ce barda, comme c'était plus ou moins sous-entendu en début de journée! :-)

Pierre une fois en bas, j'entends une "bouélée" incompréhensible à cause de la forte résonance des lieux. Après courte réflexion, j'en déduis qu'il me demande de balancer un bon caillou dans le trou afin de vérifier s'il ne va pas rebondir quelque part vers le bas des puits principaux. N'ayant rien de gros sous la main, je vais chercher sous les kits où il reste encore quelque bons morceaux. Là, j'en balance un beau dans le trou (celui que l'on désobe bien sûr, pas le P30 ou Pierre est descendu!!!).
Un roulement d'enfer s'ensuit, interminable… Il doit y avoir une vire intermédiaire et mon gros "pelleu" aura sans doute délogé au passage des gravats qui ont dû s'accumuler.

Quelques instants plus tard, Pierre arrive en haut avec tout son barda et l'impressionnante poupée de près de 100 mètres de corde trempée et "embeusée" de glaise, dont je ne vous parle pas du poids du colis!!! Il m'assure qu'il na rien entendu de tout ce que j'ai balancé dans le trou... donc c'est bon signe, le passage à agrandir n'a certainement aucune correspondance avec les 3 puits parallèles récemment découverts. Et c'est tant mieux, car vu le courant d'air, il semble que l'ont devrait enfin aboutir sur quelque chose...

Ma foi, on n'en saura pas plus pour aujourd'hui, il est temps de remonter faire le repli… Le Millepattes se lance à l'assaut des puits, pestant au passage de tête du puits de la Douche, à cause du fractionnement un peu court pour passer d'une corde à l'autre...
Passé le P7 et le P3, un dernier effort permet de remonter le célèbre Cayenne, mais plus moyen de s'asseoir sur la traverse supérieur qui soutenait la poulie de renvoi pendant les travaux de désobstruction, si pratique pour passer le fractionnement!

Le suspense continue donc sur "Follatons Aventure"… Vivement la suite!