En peu de temps, la première équipe qui creuse au bas du puits à la surprise de dégager des gros blocs, tous positionnés à partir d'un même niveau. Certains sont vraiment de tailles conséquentes, nous obligeant à les réduire à l'aide de la masse ou la barre à mine afin qu'ils puissent entrer dans le tonneau d'évacuation. Depuis le début de nos travaux dans ce gouffre, la taille des pierres ne dépassait généralement pas la grosseur d'un poing, nous sommes en présence d'un changement radical dans le calibre des remplissages. Par ailleurs, la présence de gros blocs va de pair avec un événement encore plus intéressant : le courant d'air. Son existence n'a jamais été aussi perceptible qu'aujourd'hui, c'est vraiment motivant. Certes, il n'arrive pas encore au point de nous décoiffer… mais sachant qu'il se répartit sur toute la surface du sol, soit près de 5 mètres carrés, c'est vraiment très bon signe…

Dans l'équipe, d'aucuns pensent que la présence de gros blocs laisse supposer que nous approchons de la fin du bouchon ! Effectivement, cette hypothèse est crédible dans la mesure où si les parois se rapprochent incessamment, ce serait une raison qui aurait empêché les gros cailloux de descendre plus bas. Mais là encore, avec le temps nous nous sommes rendus compte que la nature sait tellement défier nos multiples théories, je pense qu'il vaut mieux ne pas se poser trop de questions ! De toute façon, si la fin du bouchon approche on le saura bien assez vite… Dans les sédiments, nous avons également découverts une série de petits ossements. D'après Michel Blant le spécialiste de la question, il s'agirait principalement de blaireau, loir, chevreuil, ainsi qu'un oiseau de la famille des fringillidés (pinsons, chardonnerets etc). A mesure que l'on s'enfonce, on remonte en quelque sorte dans le temps, peut-être que les futurs ossements vont nous promettre des découvertes plus intéressantes.

Lors de cette journée, par groupe de deux chacun est allé remplir le tonneau au bas du puits, pour une durée de 2 à 3 heures. Vers 18 heures, notre décompte indique un total de 76 tonneaux, soit environ 6 tonnes de sédiments. C'est vraiment un poids record pour une seule journée de travail, une quantité qui demandait 3 jours avec notre ancienne méthode ! Donc de quoi se réjouir pour les travaux avenirs, à ce train là notre bouchon va rapidement en pâlir…

Avec la sortie précédente, nous avons avancé 2,5 mètres en profondeur, ce qui implique que nous devons prolonger le rail sur lequel coulisse le chariot. Pour l'heure, Joël notre spécialiste de la soudure est encore motivé, il va s'atteler à cette tache en compagnie de Christian ; nous pourrons ainsi démarrer nos travaux sans perte de temps lors de la prochaine sortie. Il est 20 heures quand nous quittons les lieux, une journée vraiment très chargée...